52 Champs-Élysées
Du paquebot Art déco aux nouveaux usages de travail et de consommation
Du paquebot Art déco aux nouveaux usages de travail et de consommation
Une nouvelle vision pour les Champs
Par son programme et son dessin, le 52, avenue des Champs-Élysées reflète l’esprit de son temps. Il illustre notamment le développement tertiaire de l’avenue dans l’entre-deux-guerres : symboles de modernité, de monumentaux bâtiments conçus pour des groupes internationaux y remplacent les hôtels particuliers hérités des XVIIIe et XIXe siècles. Au cours des années 60, les « Champs » renforcent leur dimension culturelle, gagnent en popularité et en fréquentation. Les activités culturelles se maintiennent durant la décennie 70, rejointes par des enseignes qui en font une destination de shopping mondialement connue. Les parisiens ont néanmoins une vision ambiguë des Champs-Élysées, le succès touristique de la « plus belle avenue du monde » ayant dégradé ses commerces et son image.
La mairie de Paris travaille activement au renouvellement de l’attractivité des Champs et cette rénovation, qui abritera un grand magasin Galeries Lafayette, participera à rendre son lustre à l’avenue iconique.
Le paquebot Art déco
L’hôtel de Massa, édifié fin XVIIIe, est racheté en 1927 avec ses parcelles attenantes et intégralement déposé. L’immeuble actuel, conçu par André Arfvidson sur son emplacement, est livré en 1932. Son image et sa conception sont marquées par l’implication de la National City Bank of New York, principal locataire du bâtiment. Il s’organise autour de l’angle des Champs-Élysées et la rue La Boétie avec un hall articulant une galerie entre les deux rues. Un second, plus magistral, est dédié à la banque américaine. L’immeuble offre également trois étages de bureaux, ainsi qu’une galerie en rez-de-chaussée. Cette configuration, encore nouvelle à l’époque, est celle d’un « building » commercial à l’américaine. Sur le toit-terrasse, la banque aménage un pavillon d’agrément complété par un jardin. Le 52 Champs est l’un des premiers exemples de l’architecture Art déco dans le quartier des Champs-Élysées. Il illustre la transition entre l’architecture éclectique de la fin du XIXe et l’apparition de ce style à la fin des années 20. Profitant de la largeur de l’avenue et de sa situation d’angle, le bâtiment développe deux fois douze travées à l’écriture architecturale puissante. Superposant un socle, un corps principal et un attique, la composition de la façade est classique. Le recours à un vocabulaire antique, réinterprété et stylisé, évolue vers des digressions davantage dans l’esprit Art déco, tout comme le retournement circulaire de l’attique de type « paquebot » ou la composition symétrique des cours.
Une histoire architecturale mouvementée
Le bâtiment a connu des campagnes de travaux qui ont perturbé son image. Des modifications de façade sont réalisées dans les années 30 pour l’installation d’un magasin Prisunic et d’un cinéma. La galerie est plus largement dénaturée dans les années 60. Le pavillon et les aménagements de la terrasse sont également détruits pour faire place à un club Martini. À la fin des années 80, avec le départ de la National City Bank et l’arrivée du Virgin Megastore, d’importants travaux d’aménagement intérieur, de façades et d’extension des surfaces de vente sont menés, menant notamment à la disparition de la monumentale porte en fer forgé de la National City Bank. Conçu dans les années 30, le bâtiment ne répond plus aux normes contemporaines, notamment en matière de sécurité. Une partie des bureaux est d’ailleurs inutilisable à ce titre.
Une reprise en profondeur est donc nécessaire. PCA-STREAM engage une restructuration lourde, comprenant des démolitions et reconstructions substantielles de planchers, notamment en infrastructure. Ces aménagements sont systématiquement conçus au regard de leurs impacts patrimoniaux et environnementaux.
Dynamique de valorisation
La restructuration redistribue les espaces par un nouveau cheminement, mis en valeur par une écriture contemporaine. Elle permet de lire les différentes strates architecturales et s’inspire de détails Art déco - ainsi, le motif du losange devient la signature graphique de ce projet. PCA-STREAM souligne les éléments qui ont perduré et redéfinit ceux dont la lisibilité a été affaiblie. Parmi les éléments patrimoniaux remis en valeur, l’escalier d’honneur et les décors intérieurs de la National City Bank, avec ses vases monumentaux, appliques à palmettes, balustres, habillages de marbre ou boiseries de Jacques-Émile Ruhlman. Au cœur d’un second escalier monumental, une verrière à motifs géométriques est également revalorisée. L’expressionnisme fonctionnel et la rigueur du dessin d’origine inspirent une mise en cohérence des éléments de façade. Ses détails remarquables, notamment les menuiseries de Raymond Subes, sont ainsi restitués. La grille majestueuse à l’entrée de la galerie sur les Champs est restaurée, son dessin devenant le modèle des nouvelles grilles. L’intégralité des baies et vitrines sont reprises dans un dessin simplifié. Les boutiques sur l’avenue sont maintenues et la galerie redistribue l’activité commerciale en déshérence. La répartition du programme est clarifiée : commerces du sous-sol jusqu’au R+2 sur toute la profondeur des étages et bureaux du R+3 au R+7. Les plateaux de bureaux, largement requalifiés, donnent sur rue et sur les cours intérieures.
Mixité et nouveaux enjeux tertiaires
Cet ensemble mixte de bureaux, commerces, espaces de loisirs et d’exposition va dans les sens d’une ville combinant les usages. L’importance de la présence commerciale sur les Champs-Élysées est si imposante que le parti pris a été de développer un programme de bureau exclusif, revendiquant sa discrétion. Un niveau d’accueil au-dessus des commerces lui est spécifiquement réservé, offrant un nouvel art de vivre au bureau. La modularité des plateaux d’origine permet d’intégrer différents types d’espaces de travail contemporains. Pour répondre au changement de paradigme de l’immobilier tertiaire né de l’économie de l’immatériel, PCA-STREAM y dessine des espaces souples, modulables, lumineux et confortables. Les modes de management et les espaces s’orientant vers la créativité et l’informalité, les espaces communs sont nombreux et de grande qualité. Une offre de restauration atypique est proposée au R+3, dans un esprit bistro décontracté mais élégant. Au même étage, une terrasse est accessible aux usagers, offrant une végétalisation qui souligne sa dimension d’agrément.
Un jardin suspendu sur les Champs-Élysées
Les espaces extérieurs du 52 Champs sont magnifiés, rouvert au public et végétalisés, signe d’une approche faisant passer l’homme avant la technique. Les jardins participeront au bien-être des utilisateurs du bâtiment tout en renforçant l’écosystème général. Partiellement abandonnées, les terrasses étaient encombrées d’éléments techniques inutilisés. Ces installations sont supprimées, déplacées ou masquées par les aménagements paysagers. De larges espaces sont ainsi dégagés pour créer un jardin suspendu. Son parcours bucolique alterne prairies fleuries, parterres d’aromatiques méditerranéens et zones arbustives hautes. Les terrasses retrouvent leur activité d’origine. Le pavillon à coupoles est rénové et complété par une intervention contemporaine. Au sortir de la promenade champêtre, le visiteur découvre un bar rooftop offrant une vue exceptionnelle. Un luxueux restaurant occupe la suite de la terrasse, où une serre de réception est conçue pour des réceptions exclusives. Ces espaces rares en pleine ville contribuent à l’identité et l’image du nouveau 52 Champs.
Suivi de chantier
Le suivi photographique de ce vaisseau art déco est assuré par Jean-Philippe Mesguen. Il suit le chantier en observateur avisé, et enregistre tous les mois les différentes étapes de transformation du chantier. Le but est d'offrir une forme d'archéologie photographique, à travers laquelle remonter une fois le bâtiment livré.
Le suivi vidéo du chantier est assuré par Mahéma production.









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Informations
Client | SCI 52 CHAMPS ELYSEES représentée par Harrods Estates Paris |
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Programme | Restructuration d’un immeuble mixte en bureaux, commerces et rooftop-restaurant |
Localisation | 52 Champs-Elysées, Paris 75008 (ancien Virgin Mégastore) |
Mission | Complète |
Surface | 25 615 m² |
Budget | 50 M€ HT |
Statut | Livré |
Certifications | HQE Exceptionnel ; BREEAM Very Good |
Équipe | — Maîtrise d’ouvrage : SCI 52 CHAMPS ELYSEES représentée par Harrods Estates Paris — MOD : Altarea Cogedim — MOEX : Artelia — BET Structure : Setec — BET Façades : VS-A — BET CVC : SF2i — CSPS : Socotec — CFO—CFA—Asc—GTB : CTH — CT : Veritas — Acousticien : Impedance — Design intérieur : BIG — Bjarke Ingels Group |
Entreprise | Bouygues Bâtiment — Rénovation privée |