Exposition "Champs-Élysées, histoire & perspectives"

L’exposition Champs-Élysées, histoire & perspectives présente l’étude menée entre 2018 et 2020 à l’initiative du Comité Champs-Élysées par PCA-STREAM avec la collaboration d’une cinquantaine de chercheurs, historiens, scientifiques, ingénieurs, artistes, acteurs économiques et culturels français et internationaux. Elle retrace l’évolution de la « plus belle avenue du monde », analyse ses usages actuels et propose une vision de ses possibles évolutions au regard des enjeux contemporains.

Les Champs-Élysées deviennent un territoire collectif d’expérimentation à l’horizon 2030 pour développer une ville durable, désirable et inclusive en s’appuyant sur 4 axes stratégiques : réduire les nuisances des mobilités, repenser la nature comme écosystème, inventer de nouveau usages et utiliser la data pour mesurer et réguler les actions.

CITYSCOPE

EXPOSITION

EXPOSITION VIRTUELLE

La ville-métabolisme : un enjeu urbain global

En parallèle de sa pratique architecturale, l’agence PCA mène depuis une quinzaine d’années une activité de recherche transdisciplinaire, STREAM, qui lui permet de mettre en perspective et de repenser sa vision de l’architecture et de l’urbanisme. Ce travail prospectif a notamment abouti à la notion de ville-métabolisme, que l’agence ambitionne d’appliquer aux différentes échelles de son activité, du bâti à l’urbain. Le concept de ville-métabolisme recouvre une approche renouvelée de la ville répondant aux défis de l’Anthropocène. Les mégalopoles concentrent l’essentiel de la pollution, des prélèvements naturels et des rejets de déchets. Le contrôle de l’impact environnemental du tissu urbain pour maîtriser l’empreinte écologique de l’humanité est l’enjeu commun. La ville-métabolisme intègre une comptabilisation des flux de mobilités, matériels et énergétiques grâce aux capacités inédites de mesure permises par le traitement de data, mais également une approche systémique incluant le vivant et le sensible. La ville-métabolisme réactive l’approche urbanistique traditionnelle par couches selon de nouvelles relations et reliances entre elles.

Du réenchantement à la vision

En 2018, le Comité Champs-Élysées, association regroupant les grands acteurs publics et privés de l’avenue, sollicite PCA-STREAM pour une première réflexion, Réenchanter les Champs-Élysées, présentée lors d’un colloque en avril 2019. L’agence choisit de poursuivre cette réflexion avec l’étude Champs-Élysées, histoire & perspectives en élargissant la question locale des Champs à l’avenir des territoires urbains, travail qui donne lieu à une exposition au Pavillon de l’Arsenal en février 2020. En contrepoint d’un récit historique, il s’agit de dresser un diagnostic et d’esquisser des perspectives pour relier le cadre local des Champs-Élysées aux enjeux plus larges de la mondialité urbaine contemporaine. PCA-STREAM propose ainsi la constitution d’un programme pour mener une recherche urbaine inédite en s’appuyant sur une équipe pluridisciplinaire d’experts techniques, de chercheurs d’institutions universitaires de renom (MIT, Harvard, Sciences Po…) mais également de créateurs, selon l’approche mêlant art et science développée avec STREAM.

L’avenue des temps modernes

Les Champs-Élysées sont la plus prestigieuse section du grand axe historique de 8 km qui, du Louvre à la Grande Arche, retrace 350 ans d’histoire de France dans un alignement de monuments prestigieux et de grands tracés qui ont fait le prestige de l’urbanisme à la française. Ce monumentalisme à la gloire des puissants cache une histoire plus littéraire et romantique de fêtes galantes, de promenades à l’ombre des jardins, de folies et de cabarets. Cette histoire multiple, qui remonte à Louis XIV, est riche d’enseignements sur ce que ce fut l’aventure moderne en Occident depuis le XVIIe siècle, et dont l’une des sources fut la vision cartésienne d’une séparation entre l’homme et la nature. Les Champs-Élysées, qui virent le jour avec cette aventure, en seront pendant plus de 300 ans la vitrine mondiale, comme un « kilomètre zéro de la modernité » devenu lieu de fierté pour Paris et la France. L’étude explore ainsi les remèdes aux maux de la modernité occidentale sur le territoire même de sa naissance.

Désamour des parisiens : l’envers de la modernité

Aujourd’hui, la rupture entre les Parisiens et l’avenue semble pourtant largement consommée. L’analyse de sa fréquentation annuelle donne la mesure de cet éloignement : les deux tiers des passants sur les Champs-Élysées sont des touristes (68 %), dont l’écrasante majorité vient de l’étranger (plus de 85 %), tandis que les Parisiens ne représentent plus que 5 % des promeneurs. Un tel désamour relève d’une promesse trahie : celle d’un avenir toujours meilleur, d’un triomphe permanent du progrès. Les Champs-Élysées offrent dès l’origine le spectacle de la conquête de la nature avec ces champs patiemment artificialisés et urbanisés. À l’ère Anthropocène, les motifs de rejet de l’avenue par les Parisiens (surtourisme, trafic, pollution, surconsommation, minéralisation) résonnent étonnamment avec leur inquiétude croissante sur l’état de la planète. Le syndrome local nous renvoie au diagnostic global. Se préoccuper de l’un revient à se soucier de l’autre.

La ville-métabolisme

Hyper-lieu dans leur partie haute, hyper-vide dans leur partie basse, les Champs-Élysées présentent les pathologies urbaines opposées et complémentaires d’un territoire qu’il convient de regarder simultanément, selon le modèle de la ville-métabolisme. Notre vision propose de s’appuyer sur la puissance symbolique des Champs-Élysées pour engager les talents nationaux, publics comme privés, et transformer l’avenue en un démonstrateur urbain d’une ville durable, désirable et inclusive. Pour cela, il convient de pacifier l’hyper-lieu et de réenchanter l’hyper-vide en agissant sur les cinq strates urbaines de notre modèle : nature, infrastructures, mobilités, usages, bâti. Notre plan d’action s’appuie sur quatre axes opérationnels dont les effets sont mesurables : repenser la nature comme écosystème, inventer de nouveaux usages, réduire les nuisances des mobilités et recourir à la data comme outil.

Pacifier l’hyper‑lieu

La vision globale pour le quartier développe à l’horizon de dix ans une qualité d’usage par la réduction des nuisances (acoustiques, thermiques…) et l’amélioration du confort (qualité de l’air, espace rendu aux piétons…). Le carrefour de l’Étoile s’invente comme une place publique dédiée aux touristes et Parisiens venus admirer l’Arc. Sur l’avenue, l’esprit de la promenade reprend le pas et les flâneurs peuvent monter et descendre l’axe historique dans une atmosphère apaisée par la pacification de l'avenue. Des salons végétaux offrent des espaces de pause, tandis qu’un sol unifié, magnifié et rendu efficace, associé à l'augmentation de l'espace dévollu aux piétons, permet de passer aisément d’un côté à l’autre de l’avenue pour profiter de nouveaux services.

Réenchanter l’hyper vide

Les jardins et le port des Champs-Élysées, aujourd’hui oubliés des Parisiens, présentent un potentiel extraordinaire pour inventer de nouveaux espaces verts et offrir un territoire d’expérience. L’avenue basse fait l’objet des mêmes interventions d’unification les sols avec la création d’une promenade intermédiaire animée de nombreux kiosques de restauration. Pour répondre à une contrainte d’insertion paysagère, ils peuvent être assemblés selon des typologies différentes et évolutives. Dans les jardins, à nouveau accessibles et pacifiés, une programmation originale est mise en place autour de la gastronomie, du sport, du bien‑être, des arts et des sciences, avec des jeux pour accueillir familles et enfants. Une palette végétale variée accroît la biodiversité de sujets adaptés au réchauffement climatique et apporte ombre et fraîcheur aux promeneurs tout en respectant le dessin original d’Alphand. L’aménagement de chemins de traverse et la couverture du tunnel permettent d’étendre les jardins jusqu’à la Seine.

Une vision pour demain

Notre vision pour réenchanter les Champs s’appuie sur de nombreux partenaires du territoire (musées, théâtres, restaurants…) pour la faire vivre, et invite de nouveaux acteurs à les rejoindre. Elle propose de réunir les recherches et les moyens de tous les acteurs publics et privés pour faire des Champs-Élysées un laboratoire d’excellence réunissant chercheurs et créateurs pour des villes plus durables, plus désirables et plus inclusives. Des indicateurs permettent d’évaluer de façon tangible l’impact des actions au regard de ces trois objectifs. Une première évaluation établie avec nos partenaires démontre des résultats prometteurs qui devront être complétés et actualisés. Les transformations urbaines nécessaires pour faire face aux grands défis planétaires ne peuvent plus uniquement se décréter d’en haut. Elles doivent pouvoir être appropriables par chacun dans le cadre d’une expérimentation de co-conception responsable. La production de la ville doit par ailleurs faire de plus en plus appel à des formes de partenariats dans lesquels le secteur privé prend sa juste part dans la prise en charge d’externalités ignorées jusque-là. Le partage des coûts de fabrication de l’espace commun existe déjà dans d’autres capitales européennes, et des partenaires financiers, foncières ou industriels, sont prêt à s’engager pour coproduire cette mutation urbaine avec la Ville. Les Champs-Élysées, symbole national, pourraient ainsi faire l’objet d’une démarche innovante dans les modalités et le financement de notre cadre de vie, retrouvant son rôle inspirateur de nouveaux modèles.

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Informations

Équipe Étude menée entre 2018 et 2020 par PCA-STREAM à l'initiative du Comité Champs-Élysées

Experts consultés

Nous tenons à remercier chaleureusement les experts et contributeurs à l’étude pour le temps précieux qu’ils nous ont accordé et la richesse de nos échanges.

— Nature
Fabrice Joly, Lionel Guiseppin (AIRPARIF) , Thomas Ansart, Benoît Martin, Patrice Mitrano, Antoine Rio (ATELIER DE CARTOGRAPHIE DE SCIENCES PO), Véronique Mûre (BOTANIQUE, JARDINS, PAYSAGE), Bruitparif, Laurent Morel, Julie Daunay (CARBONE 4), Miguel Georgieff, Pablo Georgieff, Francesca Borrelli, Paul Farou, Sarah Mandagaran, Kevin Michels (COLOCO), Chantal Colleu-Dumond (Domaine de Chaumont-sur-Loire), Chiara Santini (ENSP-VERSAILLES), Franck Boutté, Florence Capoulade (FRANCK BOUTTE CONSULTANTS), Xavier Bonnaud, Chris Younès (GERPHAU), Michel Bénard (INFRA SERVICES), Eric Manfrino, Benjamin Thébaud, Mathilde Foucault (LAND ACT), Pierre Darmet (LES JARDINS DE GALLY), Philippe Clergeau, Jean-Philippe Siblet (MNHM), Allen S. Weiss (NEW YORK UNIVERSITY), Jean-Marc Bouillon (TAKAHE CONSEIL), François Gemenne (UNIVERSITE DE LIEGE)

— Mobilités
Aurore Rémy, Jean-Noël Diltoer, Moussa Ravel (AIMSUN), Frédéric Mazzella (BLABLACAR), Jean-Charles Pirot, Serge Clémente, Sébastien Fraisse, Albert Feuga, Jean-Baptiste Galiez (INDIGO GROUP), Valérie Charolles (INSTITUT MINES-TELECOM BUSINESS SCHOOL), Tri Nguyen-Huu, Patrick Taillandier, Alexis Drogoul (GAMA PLATFORM), Kent Larson,Arnaud Grignard, Nicolas Ayoub, Luis Alonso, Ariel Noyman, Markus Elkatsha, Maggie Church (MIT MEDIA LAB), Hassine Achour, Edouard Epaud (MYTRAFFIC), Greg Lindsay (NEW CITIES FONDATION), Mathieu Flonneau (Paris 1 Panthéon Université), Eric Debarle

— Usages
Robert Petit (À TOUTES VAPEURS), Philippe Bélaval (CENTRE DES MONUMENTS NATIONAUX), Carlos Moreno (CHAIRE ETI, PARIS I PANTHEON SORBONNE), Jennifer Flay, Blanche de Lestrange (FIAC), Fabienne Gomant (IFOP), Rebecca Lamarche-Vadel (LAFAYETTE ANTICIPATIONS), Thierry Marx (MANDARIN ORIENTAL), Nicolas Bourriaud (MOCO), Laurent Le Bon (MUSEE PICASSO), Yannick Richard, Sébastien Léger (MCKINSEY FRANCE), Nathanaël Karmitz (MK2), Julien Hausmann (NOCTIS), Thierry Reboul (PARIS 2024), Yannick Alléno (PAVILLON LEDOYEN), Christophe Léribault (PETIT PALAIS), Chris Dercon, Christophe Chauffour, Juliette Armand, Patrice Januel, Nathalie Vimeux (RMN-GRAND PALAIS), Dominique Boullier (SCIENCE PO), Jean-Michel Ribes (THEATRE DU ROND-POINT), Bruno Maquart, Michèle Antoine, Antonio Gomes Da Costa, Anne-Claire Amprou (UNIVERSCIENCE), François Armanet, Antoine d’Argentré, Michel Roth

— Bâti 
Dominique Alba (APUR), Jean-Louis Cohen (COLLEGE DE FRANCE), Stéphane Distinguin, Caroline Pandraud-Durand (FABERNOVEL), Michel Lussault (ÉCOLE URBAINE DE LYON), Laurent Dumas (EMERIGE), Frédéric Nouel (GIDE LOYRETTE NOUEL), Paul Nakazawa, Elizabeth Christoforetti, Stefano Andréani (Harvard), Blaise Heurteux, Joëla Le Marechal (HBS – RESEARCH) , Philippe Delelis (JONES DAY), Hernan Diaz Alonzo, David Ruy,Andres Sevtsuk (SCI-ARC), Alain Kergoat, Marc Daumas (SMART BUILDINGS ALLIANCE), Sonia Samadi, Juliette Berthon (SOGARIS), Serge Brentrup, Pascal Payen-Appenzeller, Philippe Simon

— Infrastructures
Raphaël Ménard (AREP), Nicolas Oudin, Christina Helou (ARTELIA GROUP), Jean-Paul Lamoureux, Raphaël René-Bazin (AVEL ACOUSTIQUE), Jean-Charles Bourlier, Vincent Dardet, Christophe Ladaurade (CLIMESPACE), Carole Le Gall, Olivier Turc, David Fleiz, Sylvain Gollin, Arnaud de Frémicourt, José Perreira, Hélène Verbockhaven (ENGIE SOLUTIONS), Albert Asseraf, Jean-Dominique Hietin (JCDECAUX), Benjamin Gestin (EAU DE PARIS), Patricia Delon, Bérénice Ory (RATP), Matthieu Ferrua, Mourad Bencheikh, Caroline Tarby (SXD), Alicia Barizia, Zenevieve Besara (TRACTEBEL)

Comité de pilotage
Jean-Noël Reinhardt (COMITÉ CHAMPS-ÉLYSÉES), Éric Costa (CITYNOVE), Laurent Dassault, Sandrine Fougeirol du Boullay (DASSAULT IMMOBILIER), Julien Landfried, Franck Morin (GECINA), Éric Donnet, Nathalie Lechantre, Laëtitia George (GROUPAMA IMMOBILIER), Marc-Antoine Jamet