Un patrimoine à revaloriser
Le 19, rue des Saints-Pères, dans le 6e arrondissement de Paris, abritait depuis la fin du XVIIIe une imprimerie, Grou-Radenez. Un premier immeuble de logement sur cour du XVIIIe siècle, transformé selon ses besoins industriels, y avait notamment été complété à la fin du XIXe siècle par un atelier sur trois niveaux en structures métalliques de type Eiffel, typiques de l’architecture parisienne à l’orée du XXe siècle. L’activité y perdure jusqu’en 1999 malgré la vétusté des installations, en décalage croissant avec l’évolution du quartier. L’entreprise est alors rachetée par un imprimeur qui transfère l’activité en banlieue parisienne et entreprend la transformation de ce patrimoine remarquable. Les aménagements successifs avaient néanmoins produit un ensemble extrêmement dense et confus, dont la transformation supposait une restructuration lourde.
Une architecture de la transformation
En plein Quartier Latin, surplombant l’École des Beaux-Arts, l’ensemble invitait à une revalorisation à la hauteur de son contexte. Ce projet reflète les recherches de PCA-STREAM sur l’architecture de transformation en tissu urbain dense. De nouveaux usages et enjeux globaux poussent en effet à une obsolescence toujours plus rapide de notre cadre bâti, notamment pour des raisons de normes. Il se trouve ainsi pris entre des logiques de préservation patrimoniale et l’impératif d’évoluer. Sa revalorisation passe alors par ce type d’opérations de réhabilitation ou de reconversion, complexes à concevoir et gérer sur les plans administratifs et techniques, mais aussi architecturaux ou économiques. L’architecture de la transformation est un formidable domaine d’exploration pour PCA-STREAM, qui y voit un levier de développement urbain. Elle permet surtout de concevoir des lieux différents et exceptionnels, à l’image des nouveaux espaces créés par cette réhabilitation.
Un programme mixte et lumineux
L’organisation composite de l’ensemble a inspiré à PCA-STREAM une programmation combinant de multiples fonctions. La restructuration des 1 500 m2 fait ainsi coexister un logement en triplex, un atelier d’artiste, des bureaux, un show-room pour le designer textile Kvadrat et une galerie d’art contemporain. L’agence a pris le parti de dé-densifier la parcelle en supprimant une partie des surfaces couvertes entre les bâtiments. Un patio central arboré est ainsi créé ; agrémenté de grandes baies vitrées et de dalles en verre, il apporte une respiration entre les espaces et de la lumière pour la verrière éclairant la galerie en sous-sol. Le minimalisme du dispositif et la simplicité des matériaux renforcent les identités respectives des bâtiments. Les planchers et la toiture de celui du XVIIIe ont été reconstruits pour créer un niveau supplémentaire ; l’architecture de celui du XIXe a été remise en valeur par une restauration de sa structure métallique. Conçu comme un objet amovible, un module de liaison en ossature métallique est glissé entre eux ; il comprend une passerelle en surplomb du patio ainsi qu’une terrasse suspendue.