La place prise par l’homme dans l’évolution de la planète pose d’urgentes questions d’éthique et de responsabilité. Au travers de leur travail de philosophie environnementale, Catherine et Raphaël Larrère remettent en cause dans la notion d’Anthropocène comme époque géologique, qui relève d’une fascination pour la puissance humaine. Plus symbolique que scientifique, la notion est d’abord le support de récits antagonistes, entre quête de davantage de manipulation ou vision catastrophiste de l’effondrement. En opposition au sentiment de maîtrise, ils développent une réflexion autour des grands paradigmes de la technique, prônant une exploration des possibles par le « pilotage », une démarche du « faire avec » consistant à initier, utiliser et orienter des processus naturels. Il s’agit d’avoir l’humilité du pilote et de l’éleveur plutôt que l’arrogance de l’ingénieur et du fabricant. Saisir la nature non comme substance, extérieure à l’homme, mais de façon relationnelle, leur permet de développer une éthique du soin de ce qui n’est pas nous sans relever de l’extériorité radicale.