Privilégier le vivant sur la forme
Au-delà d’une poursuite du Progrès au seul sens d’une croyance en une maîtrise toujours plus grande du monde par la technique, pour pallier les dérèglements globaux, se développent au contraire de nouveaux rapports de l’homme à la nature et au vivant. Le jardinier-paysagiste Gilles Clément expose la façon dont son activité le met en rapport avec l’ensemble des êtres vivants en interaction pour l’équilibre d’un milieu. Il a ainsi développé le concept de « Jardin en mouvement », méthode de jardinage qui privilégie le vivant sur la forme. Il ne s’agit pas d’un laisser-faire complet mais d’un ensemble d’interventions pour accompagner la nature plutôt que de s’opposer à elle. À l’échelle urbaine, sa démarche de paysagiste valorise voire scénographie de façon symbolique et pédagogique le « Tiers paysage », friches et interstices qui forment autant de réserves de biodiversité essentielles à la survie humaine. Le Progrès serait ainsi défini non par l’illusion de la maîtrise mais par une connaissance plus profonde de la complexité du vivant dont nous faisons partie. Entretien entre Philippe Chiambaretta, Gilles Coudert et Gilles Clément, paysagiste, jardinier et auteur, réalisé dans le cadre du documentaire PCA-STREAM, de la recherche à l’action