Réenchanter un symbole

Construite dans les années 1970 dans le centre historique de Nantes, la tour Bretagne est un marqueur urbain ambigu, avec lequel les Nantais entretiennent une relation d’amour-rejet. Aujourd’hui obsolète, elle conserve un statut d’emblème poussant à imaginer une restructuration qui lui donne une nouvelle vie. Pour conforter avec justesse sa dimension de signal, le groupement PCA-STREAM et MAGNUM prend le parti d’une intervention frugale, dénuée de geste gratuit ou formaliste, sans épaississement, mais en soulignant son élancement pour des raisons esthétiques, techniques et économiques. La quête d’un nouvel élancement inscrit une silhouette gracile dans le paysage de la métropole, se concluant par une coiffe au volume généreux selon une composition classique des tours historiques. La façade est déposée au profit d’un nouvel habillage en aluminium recyclé, d’une teinte naturelle qui change élégamment de couleur selon le temps. La nécessaire densification de l’ensemble passe par l’ajout d’un bâtiment adjacent dans le socle. La nouvelle tour Bretagne offrira un lieu à vivre ou chacun pourra aller travailler, se détendre, se rencontrer et découvrir.

Une restructuration responsable

Au-delà des considérations esthétiques et symboliques, la sobriété architecturale s’inscrit dans une stratégie de conception à l’empreinte carbone limitée. Le choix d’une intervention structurelle réduite limite les émissions de carbone liées à la construction neuve. Les matériaux biosourcés ou issus du réemploi, notamment l’aluminium recyclé et la pierre, sont privilégiés sur l’ensemble du projet. Malgré la nature par essence minérale d’une tour, la création d’espaces verts permet au projet de s’inscrire dans une démarche de renforcement de la biodiversité urbaine. Le projet participe à la promotion des modes de transport doux en offrant un grand local vélo, facilement accessible depuis la rue du Pont-Sauvetout. Dotée de protections passives, la nouvelle tour Bretagne encourage ses usagers à la sobriété énergétique en privilégiant la ventilation naturelle dans les logements.

Une programmation vivante

PCA-STREAM et MAGNUM font le choix d’une densification du projet via le socle, avec deux bâtiments distincts visuellement, mais restant liés à l’identité d’ensemble de la tour. La nouvelle tour superpose ainsi un hôtel et des commerces dans sa base, un restaurant en toiture du socle, au cœur d’une vaste terrasse-jardin, surmonté d’une tour de logements, le tout couronné par un bar-panorama en roof top. Elle ambitionne de réussir 
là où le projet historique avait montré ses limites, avec un socle d’activité dynamique, inscrit dans son quartier, notamment sur la place du Cirque. Côté place Bretagne, de part et d’autre de l’entrée principale des logements, et rue du Pont-Sauvetout, des coques commerciales et d’activités ont été imaginées pour pouvoir abriter de multiples types de programme par leur modularité. Élément emblématique du projet, la coiffe abrite un bar en roof top qui fait revivre le fameux Nid, cher au cœur des Nantais. Cet espace exceptionnel devient le nouveau symbole de la tour, permettant aux habitants de contempler et s’approprier son panorama.

Le logement, avenir des tours tertiaires obsolètes ?

Le projet de nouvelle tour Bretagne parvient à insérer des logements de qualité dans un bâtiment non initialement prévu pour cela, sans affecter profondément sa structure. L’entrée principale se fait par la place Bretagne. Le programme de logements repose sur la variété des typologies, du T1 au T5 avec trois plans types. Le ratio en façade de 40 % de surfaces vitrées pour 60 % de surfaces pleines permet d’offrir des logements particulièrement lumineux et agréables, jouissant de vues spectaculaires et d’espaces extérieurs en loggia, tout en maîtrisant leur niveau de confort thermique. L’enjeu d’un tel projet est esthétique et symbolique, au vu du désamour des tours en France : il échappe à la banalité d’une tour de logement, stigmatisée par l’image négative des grands ensembles, en empruntant aux codes architecturaux à l’origine de l’invention de l’architecture des tours, notamment dans le New York du début du XX^e siècle.