Mesurer le métabolisme urbain

  • Publié le 19 janvier 2023
  • Claire Doussard
  • 4 minutes

Claire Doussard est urbaniste chercheuse en aménagement. Elle s’intéresse à la mesure des métabolismes urbains et à la comparaison de différentes natures de tissus urbains entre eux, afin de définir les formes et les fonctionnements les plus écologiques. Des bilans et des perspectives qui se heurtent à une grande difficulté : la récolte de la donnée !

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L’accélération des échanges

La dématérialisation des biens s’accompagne d’un sentiment d’accélération de notre existence, poussée sans cesse vers la nouveauté par la logique d’innovation. Pour l’économiste Michel Henochsberg, qui, dans son ouvrage la Place du Marché replace les bouleversements contemporains dans une perspective de l’histoire économique, il s’agit d’un retour à la nature circulatoire de l’économie après une parenthèse de deux siècles où le modèle productif a dominé, intermède correspondant à l’industrialisation du monde. Ainsi, le modèle circulatoire de l’économie de l’immatériel dans ses dimensions financières et commerciales, sa recherche permanente de la vitesse de circulation des actifs et de la monnaie ne serait qu’un retour aux sources, la réconciliation de l’économie avec son concept. Michel Henochsberg était économiste, docteur d’État en sciences économiques et en sociologie.

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Métabolismes urbains : conjuguer des approches complexes

Au-delà des débats autour de l’Anthropocène – datation, responsabilités… –, il ne fait pas de doute qu’il nous faut lutter contre les effets désastreux du développement humain. Prenant acte que ses conséquences s’incarnent spécifiquement dans les villes, l’architecte Philippe Chiambaretta pointe un changement de paradigme – le passage d’une vision machinique du monde à une conception centrée sur le vivant – qui réactive la notion de métabolisme. Le concept de vivant permet de dépasser le dualisme et l’anthropocentrisme introduit par la modernité et pousse vers une conception symbolique et pratique de la ville comme métabolisme urbain, signe d’une approche prenant en compte le défi écologique pour « ménager » la ville. Battant en brèche l’orgueil formel de l’architecte, la figure d’un planificateur métabolique se dessine, à même de conjuguer des visions et approches complexes, notamment en dépassant les clivages classiques entre acteurs de la ville, en œuvrant à une mixité intense des usages, en ouvrant des dynamiques temporelles et en réintégrant le vivant.

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« Viscéralisation » des capteurs

Les réponses urbaines aux enjeux environnementaux se polarisent entre tenants d’un retour à/de la nature et promoteurs des solutions technologiques de la smart city, autour des capteurs et de la data. Joseph Paradiso, directeur du Responsive Environments Group du MIT étudie les interactions entre individus et informatique. Il explique comment des capteurs électroniques portables, les wearable, permettent l’accès à un ensemble de données qui modifient notre expérience de l’espace et impactent en profondeur le bâti. Les interfaces électroniques détermineront de façon autonome nos besoins, permettant d’optimiser le confort et les consommations énergétiques. Il voit un monde de l’information s’établissant dans le monde réel, articulant en direct les wearable avec l’infrastructure numérique générale. Porter avec une nous cette bulle virtuelle fera évoluer la notion même d’individu. Les rôles du virtuel et du réel lui semblent également voués à changer, accompagnant une « viscéralisation » des capteurs et du numérique, source d’une montée en puissance de nos capacités sensorielles.

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