Sortir de l'humanisme
L’urgence environnementale a mené de nombreuses formes de pensée contemporaine à récuser l’anthropocentrisme issu de l’Humanisme, pour reconsidérer l’homme comme un des éléments au sein de la nature. Le philosophe Frédéric Neyrat considère que nous n’avons pour autant pas cessé d’être humanistes et travail pour sa part à développer la figure d’un être humain labyrinthique qui, refusant d’assujettir le chaos à l’ordre, l’utiliserait pour desserrer la mainmise de l’ordre. Les perspectives post ou transhumanistes, issues de nouvelles hybridités, lui paraissent prolonger l’Humanisme, malgré leurs promesses de dépasser les séparations modernes entre nature et technologie, humain et non-humain. Faut-il substituer une hybridation forcenée au clivage cartésien/capitaliste, que l’on sait désormais source de catastrophe ? Au risque du monopole et du cauchemar technologique, il oppose des « alliances non fusionnelles ». Associées à la figure du labyrinthe, ces alliances forment ce qu’il qualifie d’« anti-humanisme », un nouvel existentialisme permettant de réussir le nécessaire dépassement de l’humanisme tout en évitant les fausses sorties posthumanistes.