Milieux intérieurs

  • Publié le 18 novembre 2017
  • Olafur Eliasson

Pour interroger les notions de nature et de culture, l’artiste Olafur Eliasson recréé des milieux artificiels au sein d’espaces clos. Il bouleverse ainsi la question des origines, de la temporalité et brouille les frontières de la réalité de sorte que l’on se demande si la brume, la terre, la roche, l’eau… sont mobilisés en tant qu’éléments sculpturaux ou agents co-auteurs de l’œuvre.

Publié pour la première fois sur notre site, ce portfolio nous a été proposé par Oliafur Eliasson dans Stream 04 Les Paradoxes du vivant.

Il soulève ici une question cruciale : La manipulation artistique du vivant ne peut se passer de la considération des milieux de vie.

Mediated Motion

Conçue en collaboration avec le paysagiste Günther Vogt, Mediated Motion dialogue avec l’architecture de Pether Zumthor par des séquences de paysages intérieurs reconstitués sur les quatre étages du musée, bousculant la rigueur géométrique et formelle du bâtiment.

Le spectateur est plongé dans un parcours qui transforme le musée en « machine de vision » et défie les sens et la pensée par une variété d’atmosphères et d’expériences sensorielles ; les odeurs, couleurs ou textures vivantes évoluent sans cesse, interpellant la mémoire perceptive et notre perception du réel et de l’artificiel.

Riverbed

Riverbed construit une nature, transformant une aile entière du musée en un paysage fluvial composé de tonnes de pierre et de terre, paysage accidenté que le spectateur traverse, accompagné du bruit de l’eau, des senteurs et de la texture de la terre. L’action du spectateur devient prépondérante, son interaction physique transformant de fait l’œuvre par ses mouvements. L’espace d’exposition devient le centre d’expérimentation d’un paysage condensé dans un environnement radicalement artificiel. La dimension immersive de l’installation crée tout à la fois une expérience et la prise conscience de cette expérience.

Your disapearing garden

Your disapearing garden met en jeu les notions de temps, de paysage et de mouvement par un empilement de blocs d’obsidienne à l’échelle d’une pièce, recréant une portion de paysage volcanique, celui des champs d’obsidienne des hauts plateaux islandais, familiers à l’artiste. La perception de l’espace est affectée par l’implication du spectateur, ses mouvements participant aux reflets sur le noir sombre et brillant de la roche volcanique. Ces stimuli visuels complexes, associés à la puissance visuelle tellurique de l’œuvre, estompent les frontières entre réalité et représentation, explorant la contradiction entre la connaissance et l’expérience du visible.

Olafur Eliasson, Your disappearing garden, 2011, Tanya Bonakdar Gallery, New York

Bibliographie

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« Nous serions entrés, nous dit-on, dans l’ère de la globalisation culturelle. Nous vivrions à l’ère 
du multiculturalisme, à une époque d’hybridations, de croisements entre les traditions et les manières de faire, de réseaux mondiaux. » Nicolas Bourriaud est historien de l’art, critique d’art, théoricien et commissaire d’exposition. Depuis 2016, il assure la direction du futur Montpellier Contemporain (MoCo).

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Au delà du savoir : l'existence autonome des objets

Nous rencontrons à l’université de Yale le philosophe Graham Harman qui appartient aux mouvements de réalisme spéculatif et de l’« Object Oriented Ontology » (l’ontologie orienté objet). Il définit la notion d’objet selon le réalisme spéculatif, en s’attardant sur le cas particulier de l’objet artistique. En tant que professeur à SCI-Arc Los Angeles, il nous explique en quoi l’enseignement de la philosophie peut enrichir la conception architecturale.

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