Enjeux actuels, entre quête de sens et sens du collectif
Les années 2017-2018 forment un nouveau jalon. Alors que le droit à la déconnexion fait son entrée dans le code du travail afin de limiter les risques sur la santé du télétravail notamment (1er janvier 2017), le ministère du Travail missionne un rapport sur « Intelligence artificielle et travail » (France Stratégie, mars 2018). Dès lors, des scénarios prospectifs sur l’avenir du travail émergent de nouveau de toutes parts, produits à la fois par le monde académique et par les acteurs professionnels : cabinets de conseil, aménageurs, architectes. Les pratiques, les lieux, les modes d’organisation et de management, les temporalités, les droits, les atmosphères, les statuts, les outils… tous les angles du sujet sont explorés, afin de constituer des récits cohérents.
Quatre paradigmes nouveaux s’affirment : celui de l’intelligence artificielle, avançant d’un cran supplémentaire le curseur de l’automatisation et de la dématérialisation du travail ; celui de la transition écologique, politiques que les organisations sont sommées d’intégrer dans leurs feuilles de route en matière de responsabilité sociale et environnementale ; celui de la crise de sens ressentie par les collaborateurs – menant à une inversion des rapports de force avec l’employeur – et d’un besoin grandissant d’ériger de nouvelles frontières autour de l’espace-temps du travail ; et enfin celui du télétravail. Cette mutation des usages est amplifiée par l’épidémie de Covid-19.
Dans ce contexte mouvant, les réponses organisationnelles apportées semblent disperser davantage l’espace de travail (télétravail, coworking, flex office…). Toutefois, le bureau n’est pas encore obsolète : il est attendu de cet espace qu’il continue de se faire le socle du vivre ensemble et l’outil d’une certaine sérendipité, ou encore un lieu ressource pour le bien-être du salarié. Le travail hybride nécessite de rendre l’expérience physique du bureau plus attractive, au service de la transversalité et du travail en équipe. Pour ce faire, les espaces se diversifient, deviennent à la fois plus flexibles et plus connectés.
Au cours de ces trois périodes, face aux crises et remises en question de l’immeuble tertiaire, ce double mouvement de rétrospective et de prospective a ouvert de nouveaux champs d’action pour le bureau. Aujourd’hui encore, le défi de sa réinvention est de taille. Pour en savoir plus sur les enjeux de la conception future des immeubles de bureaux, découvrez l’article « Concevoir les nouveaux avenirs des immeubles de bureaux » dans Réflexions Immobilières.
Pauline Detavernier, Directrice de projets Recherche et Développement chez PCA-STREAM, Docteure en architecture et enseignante vacataire