Psychanalyse urbaine : de la performance à l’action

  • Publié le 19 novembre 2017
  • collectif ANPU (Agence Nationale de la Psychanalyse Urbaine)

Face à l’approche aculturelle et l’universalisation fonctionnaliste que poursuivent les smart cities stériles, nous assistons au retour d’un travail sur l’imaginaire et l’ancrage au milieu urbain. Laurent Petit a ainsi initié un collectif pluridisciplinaire, L’Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine, ajoutant à sa pratique artistique des compétences urbanistiques et architecturales afin de proposer des psychanalyses de villes. Un protocole de restitution de la parole habitante permet une mise en avant des dynamiques vivantes des territoires, mais également d’explorer les imaginaires urbains à l’œuvre, de dégager une personnalité, un rythme mais aussi des pathologies de la ville. Rejoignant le mouvement participatif, l’exploration artistique et thérapeutique de l’agence dépasse progressivement la simple performance pour devenir un outil d’action sur le territoire. Cette psychanalyse urbaine apporte une compréhension intime du territoire et du milieu qui permet de participer à la fabrique de la ville par des projets de co-construction.

Entretien avec Laurent Petit, Charles Altorffer et Fabienne Quéméneur, de l’ANPU

Diagnostiquer l’état de santé d’une ville

Pourriez-vous nous présenter l’ANPU, l’Agence Nationale de Psychanalyse Urbaine ?

LP : L’histoire du projet remonte au cadeau d’une amie, il y a vingt ans de cela. C’était à l’origine un cadeau empoisonné : son mari lui avait offert un divan de psychanalyse de Le Corbusier pour lui suggérer de se faire soigner, ce qu’elle avait mal pris. Peu après, ayant divorcé, elle s’était débarrassée du divan en me l’offrant à son tour. Comme j’étais à l’époque avide de performances en tous genres, j’ai rapidement eu l’idée d’organiser des séances publiques de psychanalyse pour un prix dérisoire, notamment durant la braderie de Lille. Je me souviens que ça mettait en colère les psychanalystes qui passaient par là ; ils ne comprenaient pas qu’on puisse s’amuser à singer leur discipline. J’ai eu ensuite l’idée d’organiser un spectacle qui s’appelait La Finale du championnat de France de psychanalyse, au cours de laquelle s’affrontaient un psychanalyste junguien assez fantasque et un psychanalyste lacanien jamais avare de jeux de mots. Puis j’ai commencé à expérimenter le personnage du psychanalyste urbain au travers de visites guidées un peu loufoques, mises en scène, par exemple dans le cadre des journées du patrimoine.

C’est avec la rencontre avec Exyzt, un des premiers collectifs d’architectes, qu’est née en 2007 l’agence. Ces apprentis architectes étaient persuadés que psychanalyser les villes pouvait s’avérer pertinent. J’ai alors pensé à solliciter Fabienne Quéméneur, avec qui je travaillais depuis des années dans le cadre d’un autre projet, pour m’aider à structurer une agence et solliciter des organismes culturels intéressés par cette démarche. Nous avons ensuite contacté Charles Altorffer pour compléter l’équipe par sa triple compétence d’architecte, de metteur en scène et de photographe. Depuis 2008, nous avons étoffé l’équipe de l’ANPU au fur et à mesure, et psychanalysé une petite centaine de villes et de territoires.

© Vincent Lucas

CA : Lorsque j’ai rencontré l’ANPU, il n’y avait sur la table qu’un pitch et un style théâtral. Le reste était à construire, à inventer. J’ai vite compris que la première étape était d’apprendre à Laurent le b.a.-ba du vocabulaire architectural. Après les toutes premières répétitions, j’ai senti qu’une science poétique était en train de naître sous mes yeux. Grâce à Pier Schneider – qui a joué le rôle d’entremetteur entre l’ANPU et moi – je me retrouvais dans la position de l’accoucheur. Il a alors fallu se mettre à construire une méthodologie jusque-là inexistante. J’ai parfois l’impression que nous avons fait de la recherche fondamentale durant ces dix années.

FQ : Recherche, oui. Vision croisée de deux artistes aux prismes différents, soit. Mais en équipe surtout. L’ANPU, ce n’est pas seulement un « artiste » et son « accoucheur ». Vincent Lorin, Hélène Dattler, Camille Faucherre, Clémence Jost, Dagmar Dudinsky, Lola Duval, Gonzague Lacombe, Maud Le Floch, Laëtitia Sovrano… Tous ont contribué à leur manière à l’élaboration de cette méthodologie. La science poétique s’est construite de manière empirique en équipe.

À la croisée de la performance et du diagnostic urbain, votre protocole consiste à « coucher les villes sur le divan ». Est-ce à dire que vous considérez la ville comme un organisme vivant, doté d’un subconscient ?

LP : Avec ces dix années d’expérience, je commence à sentir l’état de santé d’une ville exactement comme on sent en un clin d’œil la condition psychique de quelqu’un que l’on rencontre pour la première fois… Une ville est effectivement vivante, elle émet un beat, une pulsation rythmique qui lui est propre ; elle sait se faire belle ou pas, ses habitants l’aiment ou pas ; il y règne une énergie joyeuse ou elle peut être en plein stress ; la ville – comme le territoire – envoie ainsi des signes qui montrent à quel point elle est vivante, en grande souffrance ou à moitié morte. La tâche du psychanalyste urbain consiste alors à avoir les chakras bien ouverts, le corps et l’esprit disponibles pour s’offrir à la ville à analyser, se donner à ce territoire afin de le comprendre et d’imaginer des remèdes…

Élaborer des projets urbains thérapeutiques

CA : Le postulat de considérer les territoires comme vivants permet de personnifier le sujet de discussion avec nos interlocuteurs. Ces derniers se détendent et acceptent de parler avec leur affect, plutôt que de rester crispés sur un discours technique. C’est aussi une manière de rappeler que n’importe quel citadin est autorisé à parler de sa ville. Nous proposons ainsi aux habitants de se réapproprier une discipline confisquée par la caste d’ultra-spécialistes autoproclamés des architectes et des urbanistes, qui manipulent un langage dont le seul objectif est d’exclure les « non-sachants ». La psychanalyse urbaine n’est finalement rien d’autre qu’une science poétique proposant une grille de lecture alternative et ludique de nos territoires.

FQ : Que de clichés ! Caste contre caste… Nous n’en sommes plus là, et les raccourcis en forme de punch line finissent par appauvrir les débats…

© Maxime Santure

Pouvez-vous nous parler de l’imaginaire urbain et de l’importance des « villes invisibles » ?

LP : Si vous pensez à l’ouvrage d’Italo Calvino en évoquant les villes invisibles, on peut dire que l’imaginaire urbain est comparativement très pauvre, voire inexistant. L’imaginaire des peuples semble s’être atrophié, sans doute parce que la société est en crise et qu’elle n’arrive pas à se projeter dans l’avenir. Probablement par crainte de disparaître, mais aussi parce qu’elle n’est pas en mesure de s’inventer un projet collectif alternatif, faute sans doute d’une remise en question profonde. Si vous comparez l’imaginaire urbain actuel avec celui du milieu du XIXe siècle, ou même des années 1970, c’est le jour et la nuit… Il est fort rare que les habitants ou les experts que nous rencontrons disposent un imaginaire suffisamment flamboyant pour nous proposer des projets thérapeutiques élaborés, susceptibles de guérir les névroses locales.

CA : Les villes se régénèrent en permanence sur elle-même. Le corps urbain se constitue couche après couche par superposition de calques successifs. Quand on regarde au travers de ces calques, des formes susceptibles de révéler une ville que personne n’a pensée apparaissent d’un coup. C’est ça l’inconscient de la ville. En revanche, chaque génération peut intervenir consciemment sur son évolution, et je ne suis pas du tout d’accord avec le constat de Laurent. La nostalgie des 70’s appartient aux quinquas. Chaque génération porte en elle une force créatrice, ce n’est que le contexte qui change. J’ai l’habitude de dire que je suis né l’année de la mort de Picasso, que j’ai grandi sous les chocs pétroliers, que je suis allé à l’école avec le chômage en perspective, que j’ai découvert la sexualité avec le sida et que la télévision a nourri mes angoisses. En bon quadra, je reste pourtant nostalgique de la folle créativité des années 1980. Le contexte a bien sûr changé, et au bout de ces dix ans de psychanalyse urbaine je constate que les bonnes idées que l’on nous a soufflées – nous n’en inventons pas tant que ça – se concrétisent aujourd’hui, qu’elles commencent à soigner les villes de certaines névroses.

FQ : Le téléphone sonne désormais surtout pour solliciter l’ANPU sur des questions concrètes de fabrique de la ville. On ne nous demande plus de tenir des discours, on nous demande d’agir. Je commence même à recevoir des propositions de plus en plus étonnantes, nous invitant à mettre sur le divan des sujets aussi divers que le moustique, le pneu, la science ou encore la montée des eaux. Petit à petit, la ville n’est plus le seul sujet d’étude.

Protocole de soins

Pourriez-vous nous détailler votre protocole de collecte de la parole habitante ?

LP : Pour recueillir la parole des habitants, on met en place des « opérations divan », qui consistent à installer plusieurs dizaines de transats sur un lieu de passage de la ville, généralement lors du marché. On fait appel à une dizaine de bénévoles, à qui l’on explique notre démarche et qui endossent ensuite des blouses aux couleurs de l’ANPU pour interroger les passants selon un questionnaire chinois. Les personnes interrogées sont invitées à s’installer sur les transats pour un entretien individuel, où il leur est demandé de comparer leur ville à un fruit ou à un légume, à un animal, un titre de film, etc. En tout une douzaine de questions, qui ont pour effet de désarçonner les habitants et de les amener sur le chemin de la poésie, réveillant le sentiment de tendresse et d’affection que chacun éprouve plus ou moins ouvertement pour sa ville… Ces questions se transforment souvent en conversations, avant que l’entretien ne se termine par la proposition de dessiner la ville. Après deux heures de présence sur le site, durant lesquelles on interroge entre cinquante et cent personnes, on regroupe l’équipe des bénévoles pour recueillir les réponses les plus intéressantes et en faire un rapport circonstancié.

Une autre manière de recueillir la parole des habitants consiste à partir en dérive avec un ou plusieurs membres de l’agence, habillés d’une blouse. Les gens essayent spontanément de savoir ce qu’on fait là, ainsi accoutrés, entraînant des conversations en cascade qui nous permettent de mieux cerner la personnalité de la ville au travers de ces paroles d’habitants rencontrés de manière totalement aléatoire. On essaye aussi de travailler dans les cafés du coin, qui sont souvent de hauts lieux de mémoire et de mythologie urbaine.

Concrètement, comment procédez-vous pour la « digérer » en un cahier des charges/ordonnance ? Comment s’opère ensuite la mise en pratique pour soigner les « maux de la ville » ?

LP : La période de macération – de digestion – qui sépare l’enquête que nous menons sur place et la restitution de nos travaux n’excède pas trois mois. Pour dégager une théorie pertinente, je relis mes notes, je parcours les photos d’archives et celles qu’a sélectionnées Charles Altorffer, je fais quelques recherches sur internet, puis j’élabore une carte mentale de tous ces éléments afin d’y détecter les lignes de force de la personnalité de la ville. Je soumets ensuite ce début d’analyse à Charles Altorffer, qui l’enrichit avec ses propres réflexions. S’ensuit un long travail d’échange entre nous, qui amène au diagnostic final et aux préconisations que nous proposons aux habitants du territoire concerné.

Pour la mise en pratique, notre ambition reste modeste. La psychanalyse urbaine n’est jamais qu’un geste artistique permettant aux habitants de redécouvrir leur territoire – et son histoire – de manière ludique et débridée. On essaye aussi d’inviter le public à se projeter dans l’avenir en proposant des projets thérapeutiques urbains inspirés de ce qui nous attend avec l’épuisement des ressources fossiles, la montée des eaux, l’effondrement du service public, la fin des emplois rémunérés et autres réjouissances qui obligeront sans doute les gens à changer enfin de comportement, à être de nouveau inventifs. Pour l’heure, la plupart de nos propositions thérapeutiques n’ont pas connu de suites pratiques, tout simplement parce que notre travail reste ancré dans une bulle artistique qui est sans doute trop éloignée de la réalité pour pouvoir prétendre à une quelconque influence sur elle. Cela étant, nous avons été impliqués ces derniers temps dans des projets participatifs qui permettent d’imaginer des projets urbains beaucoup plus concrets, ce qui fait évoluer notre manière de travailler.

CA : La grande évolution est que de plus en plus de commanditaires sollicitent l’ANPU pour aller au-delà de la performance théâtrale. La psychanalyse devient un outil pour agir directement sur les territoires. C’est pour cette raison que le pôle « exécutif » de l’ANPU est en train de se construire sous le nom d’ALUE (Atelier Local d’Urbanisme Enchanteur). Nous basculons dans un cycle de recherche appliquée, et je suis convaincu que notre science poétique peut apporter quelque chose à la fabrique de la ville. Nous avons porté durant dix ans des projets de papiers, participant à notre échelle à l’émergence de nouvelles idées pour les villes. Nos projets de téléphériques urbains, d’agriculture urbaine, de fermes énergétiques urbaines, de recyclage des autoroutes, de densification ou de lutte contre l’étalement urbain trouvent un écho dans certaines réalisations contemporaines. La « bulle artistique » est un refuge qui ne m’intéresse plus, notamment parce qu’elle est destinée à un public initié. Mais cette activité pourrait rester au sein de l’ANPU, on pourrait créer le pôle SPA, Service des Publics Avertis. Enfin, pour compléter le dispositif et toucher vraiment l’ensemble des publics, je verrais d’un bon œil la création d’une FEE (Fédération de l’Éducation des Élites), de façon à aider les décideurs à mieux comprendre les démarches artistiques liées au territoire…

FQ : L’ANPU est en pleine mutation, vous l’avez compris. La figure du triangle entre l’enseigne ANPU, le pôle ALUE et le pôle « la ? (question) sur le divan » va nous permettre de prendre à bras-le-corps l’avenir du monde sous différents angles.

© ANPU

Souvenirs de thérapie

Parmi vos multiples expériences urbaines, en France et à l’étranger, quelle a été la plus marquante ?

LP : Je retiendrais surtout des cas extrêmes de villes bien amochées, psychiquement parlant, comme Marseille, Hénin-Beaumont, Charleroi, Vierzon ou Decazeville. Ce sont des villes attachantes, à l’histoire forte et souvent dramatique, mais où l’on finit toujours par détecter un fort potentiel d’épanouissement, ainsi qu’un imaginaire urbain plus présent que dans les villes en bonne santé, qui donnent généralement l’impression de s’ennuyer plus ou moins lourdement. J’éprouve un sentiment de tendresse matinée d’effroi pour la ville d’Alger, que l’on a psychanalysé avec beaucoup de difficultés, tant il a fallu plonger au cœur d’une névrose franco-algérienne qui est loin d’être guérie. Je regrette d’ailleurs vivement que la conférence de restitution n’ait pas été diffusée plus largement, de façon à contribuer à l’amélioration des choses sur ce terrain encore très pathogène. Notre grand regret est de n’avoir pu finir la psychanalyse urbaine de Beyrouth, malgré un début d’enquête prometteur. Tous ces projets sont longs à mettre en place, mais j’espère que quelqu’un nous invitera un jour à nous pencher sur le cas de Jérusalem…

CA : Je suis tombé amoureux de Saint-Nazaire et de Port-Saint-Louis-du-Rhône.

FQ : Hénin-Beaumont, je ne vous dirai pas pourquoi…

Les habitants représentent la matière brute de votre travail. L’avenir vous semble-t-il résider dans la co-élaboration et co-construction de projets urbains entre privé et public, institutionnel et informel, groupements et particuliers ?

LP : Les habitants ont rarement le recul nécessaire pour formuler une opinion pertinente sur leurs villes. Ils ne font guère que répéter les clichés des médias et ont fâcheusement tendance à être dans la plainte et l’invective, comme si une ville était un libre-service devant répondre à toutes les demandes de ses habitants. Ils se comportent généralement comme d’éternels adolescents qui considèrent la ville comme une bonne à tout faire qui devrait céder à leurs moindres caprices. Heureusement que les habitants ne constituent pas la matière brute de notre travail, sinon on aurait vite sombré dans la vague populiste qui s’abat aujourd’hui sur la société.

CA : La posture de l’artiste qui se prétend seul détenteur – au travers de sa signature – de la créativité et de l’hyper-poésie, est une posture du siècle dernier. L’artiste du XXIe siècle est actif dans la citoyenneté, et non plus simple observateur ou critique.

FQ : La seule question à se poser lorsque le téléphone sonne est : « Le commanditaire est-il volontaire ? » Il arrive qu’on nous sollicite parce que nous sommes dans l’air du temps, parce qu’avec les « opérations divan » nous avons un image de marque liée au participatif. Je m’interroge donc sur la façon dont notre commanditaire va accepter de lâcher prise, de s’engager dans le processus sans nous demander de fabriquer une nouvelle carte postale.

LP : Dans le cadre de projets participatifs, il faut réussir à passer au-dessus de cette première barrière d’aigreur citoyenne et de médiocrité généralisée en déployant beaucoup de patience et de pédagogie, ne serait-ce que pour extraire les citoyens des bulles individualistes qui se resserrent de plus en plus. Cela passe par beaucoup de pédagogie et une forte présence sur le terrain, en lien avec un terrain associatif qui est souvent hostile à notre démarche… Le parachutage des pseudo-experts que nous sommes sur un territoire que ces associations connaissent beaucoup mieux est souvent mal vu, sans compter qu’on est pris en tenaille par des opérateurs avides de résultats vendeurs pour la population et une administration pointilleuse, incapable de comprendre qu’un tel travail ne peut se faire qu’en improvisant avec les habitants. Bref, pour arriver à mener à bien ces projets de co-construction, il faut être à la fois rusé et généreux, il faut se faire militant et oublier la posture du bouffon qui a longtemps été l’épicentre de notre discipline. Ces projets participatifs vont nécessairement obliger l’ANPU à opérer une mutation en profondeur pour mieux répondre à des demandes qui constitueront la deuxième phase de notre projet.

CA : Après un an de travail dans le cadre du projet Bienvenue à Babelville, issu du budget participatif 2014 dans le 11e arrondissement, j’ai plutôt constaté que nous suscitions de la bonne humeur. Partenaires et habitants, structures associatives, administratives ou autres se sont révélés gourmands à la mise en récit de leur territoire et ont du coup accueilli joyeusement le marquage final. Je ne crois pas du tout à la théorie voulant que « les gens sont des cons ». Sans tomber dans l’angélisme toutefois, car j’ai bien conscience des difficultés liées à la notion de démocratie participative. Au-delà du pléonasme, nous sommes face à une utopie qui ambitionne de passer la main aux habitants pour la fabrique de la ville tout en cherchant à garder un hyper contrôle par les institutions. C’est en toute humilité que l’ALUE envisage de bouger un peu les lignes, petit à petit. La psychanalyse urbaine se doit aujourd’hui de faire école, faute de quoi cela restera un nouvel objet artistique ayant contribué au creusement du fossé entre le monde culturel, isolé dans sa tour d’ivoire, et la vraie ville.

FQ : Nous avons parfois du mal à faire basculer les personnes dans l’abstraction et la poésie, mais quand ils y vont, que de cadeaux ! De pépites ! De dessins qui nous scotchent ! La problématique de la ville est parfois posée en quelques traits… Quand on fait le débriefing des opérations divan avec les psychanalystes en herbes recrutés sur place, c’est souvent joyeux, avec des réponses inattendues. Je perçois parfois de la peur et de la méfiance, mais ne ressens pas d’aigreur citoyenne ou de médiocrité généralisée.

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