Un langage commun entre l’art, la science et la nature

  • Publié le 7 octobre 2021
  • Thijs Biersteker
  • 8 minutes

Le travail de Thijs Biersterker repose sur des collaborations avec des scientifiques pour transformer les faits en émotions, contourner la provocation ou la peur, de façon à connecter émotionnellement le public aux problèmes globaux, les personnaliser et nous inciter à agir. Il a recours à la technologie, notamment l’IA, non pour elle-même mais comme medium offrant une dimension expérientielle. En utilisant les mêmes capteurs et outils que les scientifiques, ses installations immersives mettent en évidence l’intelligence, les systèmes de communication et l’inscription systémique des plantes, métaphore de notre rapport au monde.

Vous vous décrivez comme un « artiste environnemental » ; est-ce à dire que vous considérez que la crise écologique a fondamentalement modifié le rôle des artistes ?

 

L’art s’est historiquement prêté au rôle de miroir de la société. Pour reprendre la formule de Nina Simone, « le devoir de l’artiste est de refléter son époque ». Je suis donc abasourdi de voir que le changement climatique, l’effondrement écologique et les autres questions environnementales, qui constituent pourtant les grands défis de notre temps, ne fasse pas l’objet de davantage de productions artistiques. C’est vrai non seulement des arts plastiques, mais également de la littérature et du cinéma : nous en faisons trop peu au vu de l’ampleur du sujet. Je ne comprends vraiment pas pourquoi ces thématiques ne sont pas plus largement intégrées par les artistes. Si la fonction de l’art est d’être le miroir de la société, je crois que nous faisons très mal notre travail. C’est en tout cas ce qui m’a poussé à chercher ma voix en tant qu’artiste pour aborder ces thématiques cruciales. Comme tout le monde, je ressens souvent de la frustration quand je lis sur ces sujets, et il me semble donc que mon rôle en tant qu’artiste est de rendre ces questions complexes plus intelligibles et accessibles par ma pratique artistique.

Je choisis les sujets les plus difficiles – des sujets qui semblent devenus banals, ennuyeux ou dont on croit déjà tout savoir – et je travaille avec des scientifiques pour voir si je peux trouver un angle intéressant ou un fait dont je n’avais jamais entendu parler, mais qui mérite d’être mieux connu. D’une certaine manière, c’est un mélange d’art, de communication et de militantisme. Je crois que ce que nous pouvons faire en tant qu’artistes, c’est proposer de nouvelles perspectives, clarifier les choses, ou mettre en scène une perspective futuriste sur les grandes questions écologiques. Nous devons assumer davantage nos responsabilités en nous attaquant à ces sujets, y compris en nous interrogeant sur la manière dont nous produisons nos oeuvres, notamment en prenant en compte l’impact environnemental de leur production.

 

Dans le cadre de ce travail de sensibilisation aux grands enjeux environnementaux, vous faites appel à de nombreux outils technologiques de pointe, de l’IA à la réalité virtuelle, ce qui ne semble pas un choix évident de prime abord; pourquoi avoir choisi ce moyen d’expression artistique ?

 

Pour moi, les technologies ne sont rien de plus que de la peinture. Je pense sincèrement que si les peintres et artistes des siècles passés avaient disposé des outils actuels, ils les auraient utilisés de la même manière. Je ne les envisage pas comme des technologies en tant que telles, mais plutôt comme une sorte de peinture avec laquelle je peux exprimer mes idées. Je pense d’ailleurs qu’il y a une distinction claire entre les artistes qui utilisent les technologies pour elles-mêmes, qui les mettent gratuitement en scène, et ceux qui utilisent la technologie comme moyen d’expression.

Ce que j’apprécie avec ces nouvelles technologies, c’est qu’elles me semblent correspondre davantage à notre époque et à notre culture qu’une classique toile sur un mur. Quand on y réfléchit, c’est beaucoup demander du public que de s’attendre à ce qu’il se tienne pendant des heures debout devant un tableau pour s’y immerger. Nous vivons clairement dans une société où notre capacité d’attention s’est raccourcie. De ce point de vue, les technologies ont cette capacité unique de plonger les spectateurs dans une expérience immersive immédiate, ce qui favorise leur engagement sur un sujet. En tant qu’artiste environnemental, les questions écologiques qui me sont chères semblent toujours assez lointaines et distantes, comme la déforestation en Amazonie par exemple. Via des installations immersives, la technologie peu a contrario nous permettre de nouer un lien intime avec le spectateur, ce qui est d’une aide précieuse pour faire passer un message de manière sensible, personnelle, et non plus distante et abstraite.

Ce qui est intéressant avec ces installations immersives c’est qu’elles suscitent l’émerveillement malgré la gravité du sujet; est-ce que pour vous une manière d’influencer les comportement par une approche sensible, plutôt que d’essayer de les changer en s’appuyant sur les faits les plus effrayants ?

 

Je cherche toujours à éviter de provoquer ou choquer les gens, car il me semble que les journaux le font bien assez. La plupart des informations sur l’environnement sont effrayantes, et nous nous sentons souvent désemparés en les apprenant. Nous nous retrouvons comme paralysés, ne sachant que faire ni comment réagir. Par mon travail, je m’efforce de faire comprendre les enjeux aux spectateurs, de façon qu’ils s’y sentent liés, mais d’une manière qui n’est pas fondée sur le choc, et qui persiste dans le temps. Plastic Reflectic, mon travail sur la pollution des océans par le plastique, illustre bien cette idée. Quand il approche de l’oeuvre, le spectateur peut jouer avec, et généralement il commence par se dire que c’est amusant. Il ne réalise le message qu’au bout d’un certain temps, et celui-ci fait ensuite lentement son chemin dans sa tête, ce qui permet véritablement d’éprouver et intégrer la problématique. Il en va de même pour Voice of Nature. C’est une oeuvre très forte esthétiquement, qui suscite au premier abord un état méditatif. Ce n’est qu’après l’avoir laissée décanter quelque temps que nous commençons à en comprendre le sujet et les enjeux. Susciter ces sentiments est une façon pour moi d’engager un échange et une réflexion sur les grands enjeux écologiques de notre temps.

La question est donc de trouver comment susciter des émotions à partir de faits scientifiques. Quand vous parlez avec des chercheurs, ils vous racontent des choses beaucoup plus intéressantes que ce qu’ils écrivent généralement dans leurs publications. Cela s’explique par le fait que dans un cadre informel ils doivent expliquer leur propos d’une manière accessible aux non-initiés. Ils font alors l’impasse sur le jargon scientifique et ont tendance à chercher des déclics émotionnels. La plupart de mes idées me viennent naturellement durant ces moments où je me fais expliquer des travaux de recherche. Je sais que j’ai matière à travailler quand je tombe sur un fait inconnu qui me touche. J’imagine ensuite une oeuvre d’art qui s’appuie sur ces informations scientifiques. De ce point de vue, il ne s’agit pas du tout de pseudoscience, ce qui est toujours un peu problématique. J’apprécie tout particulièrement ce moment de déclic, quand je suis frappé par un fait surprenant et obscur qui mériterait d’être connu par tous.

 

Avez-vous le sentiment que face à l’essor des fake news vous avez une responsabilité particulière en tant qu’artiste dans la diffusion publique de la science et des faits scientifiques ?

 

Il est clair que nous vivons une époque où les faits et les scientifiques ne reçoivent pas le respect qui leur est dû. Quand quelqu’un passe vingt ans à étudier sérieusement et scientifiquement un sujet, son avis est plus pertinent, c’est aussi simple que cela. Par exemple, cela fait quarante ou cinquante ans que le changement climatique est établi par les scientifiques, mais nous restons pourtant encore largement dans le déni, avec des remises en question quotidienne de la réalité du phénomène et toute une partie de l’opinion publique qui semble toujours hésiter à agir.

Les scientifiques sont pour une part coupables de cela, mais également les acteurs culturels, qui n’abordent pas suffisamment la question. Si la recherche ne parvient pas jusqu’à nous, comment pourrait-elle nous apprendre quoi que ce soit ? Les scientifiques contemporains sont trop souvent obnubilés par la publication d’articles dans une logique carriériste de poursuite du chiffre, multipliant les publications au lieu de tenter de créer un dialogue avec le grand public pour débattre de leurs résultats.

Dans les siècles passés, chaque découverte scientifique trouvait un écho formidable dans la société, ce qui lui permettait d’évoluer, de progresser. De nos jours, les études scientifiques finissent généralement dans des publications élitistes et absolument hors de prix pour le commun des mortels. Le grand public ne peut avoir accès à ces connaissances. Mais si le monde scientifique n’a pas fait un bon travail dans la diffusion publique des résultats de la recherche, le monde de la culture n’a pas non plus suffisamment cherché à valoriser ces découvertes.

C’est pour cela que je m’efforce d’apporter un langage nouveau et plus universel aux scientifiques. Voice of Nature illustre bien cette intention. Le but de cette oeuvre était de créer un langage compréhensible par le public, en s’appuyant sur l’application d’un algorithme et d’un code, de façon qu’il se sente connecté aux enjeux environnementaux, qu’il puisse interagir et réfléchir. Quand nous avons monté cette installation à Chengdu, une personne dans l’assistance qui avait des connaissances arboricoles nous a par exemple affirmé que l’arbre que nous pensions utiliser n’était pas en assez bonne santé, qu’il avait besoin de davantage d’eau. Personne d’autre ne voyait le problème, mais quand nous avons placé nos capteurs dans le sol, les données ont clairement montré que l’arbre était effectivement déshydraté. Dans les quinze minutes, quelqu’un arrosait l’arbre avec un camion-citerne géant. Pour moi, cela illustre bien ce besoin d’un langage commun entre la nature et l’humanité, mais également entre les scientifiques et le reste d’entre nous. Nous devons combler ce déficit de communication.

À propos de votre travail sur et avec les arbres, pourriez vous nous expliquer comment vous en êtes venu à vous intéresser au domaine de l’intelligence végétale ?

 

Cela a débuté avec Voice of Nature. L’idée de départ était de chercher des façons de mettre en scène des données directement issues de la nature pour illustrer le changement climatique sans avoir besoin de scientifiques comme intermédiaires. Pouvait-on simplement brancher des capteurs sur un arbre et faire en sorte qu’il « parle » pour de vrai ? Quand j’ai commencé à creuser la question, j’ai découvert que certains peuples autochtones échangeaient avec les plantes et, par simple observation, tissaient de meilleures relations avec elles. J’ai alors plongé dans cette idée d’une nature connectée, non pas seulement comme une entité unique, suivant l’hypothèse Gaïa formulée par Lovelock, mais pouvant également communiquer d’arbre en arbre. Il y a eu beaucoup de recherches sur ce sujet de la communication entre arbres depuis les années 1980, mais le sujet n’a gagné en popularité que tout récemment. Il me semble que la notion d’intelligence végétale démontre les capacités uniques de la nature et nous offre des enseignements utiles. Quand les arbres se parlent, ils s’équilibrent et se préviennent les uns les autres, alors qu’ils sont par ailleurs en concurrence pour la lumière. Tout comme nous, ils s’affrontent socialement, mais sous terre ils se nourrissent et se maintiennent mutuellement en bonne santé, car ils savent très bien que si un arbre tombe, tous les autres auront des difficultés à surmonter les tempêtes à venir.

J’ai notamment exploré cette forme de communication dans Symbiosa. J’ai le sentiment qu’il y a une leçon fondamentale à tirer de l’intelligence végétale et de la communication entre les plantes, que nous devrions appliquer à l’ensemble de notre société, actuellement quelque peu brisée. En explorant scientifiquement les raisons qui poussent les arbres à communiquer, force est de constater que c’est quelque chose dont nous aurions besoin dans nos sociétés humaines. Comme les arbres, nous devons nous maintenir mutuellement en bonne santé et entretenir des relations solides. Ce n’est qu’à partir du moment où ces relations sont bien établies que nous pouvons nous développer individuellement et entrer en compétition. Chaque fois que je suis amené à m’intéresser à l’intelligence collective des plantes, j’apprends de leur simplicité et de leur efficacité. Voir à quel point les plantes sont douées pour communiquer entre elles rend vraiment jaloux du caractère démocratique et juste de ces échanges.

Symbiosa s’inspire d’un très joli mot qui illustre cette capacité des arbres à communiquer entre eux et à se protéger mutuellement, mais aussi la manière dont ces aspects influencent leur croissance et, d’une manière générale, la manière dont ils réagissent avec leur environnement. L’installation offre à chacun la possibilité de voir et comprendre cette capacité unique des arbres. Mais, au-delà de l’émerveillement qu’elle peut procurer, la dimension métaphorique de cette oeuvre ouvre la voie à une remise en question, car elle invite à reconsidérer la notion de symbiose. Si la nature tout autour de nous parvient à entretenir une communication saine, pourquoi ne sommes-nous pas capables d’en faire autant ?

 

Symbiosa constitue un bon exemple de la manière dont les artistes peuvent collaborer avec des scientifiques; pouvez-vous nous en dire plus sur la manière dont vous avez travaillé avec Stefano Mancuso sur cette installation ?

 

J’ai rencontré Stefano Mancuso via la Fondation Cartier pour l’art contemporain, qui avait repéré Voice of Nature et souhaitait que je poursuive dans cette voie avec Stefano, car c’est l’un des scientifiques les plus remarquables dans le domaine de l’intelligence végétale. Je suis donc allé le rencontrer au LINV, son Laboratoire international de neurobiologie végétale, à Florence. Je crois qu’il m’a d’abord considéré comme un énième de ces artistes faisant simplement de l’art, et il a commencé à tout m’expliquer à un niveau très basique. Mais quand je lui ai montré Voice of Nature, il a été très surpris de voir que nous explorions des thématiques similaires et que nous utilisions exactement les mêmes capteurs. Nous avons rapidement commencé à exploiter nos connaissances partagées pour produire une nouvelle oeuvre. La collaboration a été très fluide parce que nous parlions le même langage et faisions usage des mêmes technologies. Je l’ai d’ailleurs rappelé quelques mois plus tard pour Econtinuum, une nouvelle oeuvre qui imite le fonctionnement des racines des arbres, car nous avions justement discuté de la manière dont ils sont capables de parler les uns avec les autres par ces voies souterraines. Je souhaitais concevoir une oeuvre montrant à quel point cette communication est équilibrée. Là encore, nous étions sur la même longueur d’onde entre ce qu’il faisait lui dans son laboratoire et moi dans mon studio, notamment parce que nous partageons des outils communs comme artiste et scientifique. Quelque part, si cette relation est si harmonieuse, c’est que nous sommes un peu comme des enfants avec les mêmes goûts et les mêmes jouets.

Econtinuum, en collaboration avec Stefano Mancuso, 2020
Econtinuum, en collaboration avec Stefano Mancuso, 2020

Symbiosa, en collaboration avec Stefano Mancuso, 2019

Econtinuum mêle intelligences végétales et artificielle ; pensez-vous que nous sommes parvenus au niveau de la complexité naturelle grâce à l’intelligence artificielle ?

 

L’intelligence artificielle reste un domaine émergent. À l’heure actuelle, il y a plus d’artificiel que d’intelligence làdedans, puisque l’IA ne fait pas encore preuve de beaucoup d’intelligence à proprement parler. C’est pour cela que je ne promeus pas Symbiosa comme une oeuvre sur l’intelligence artificielle : nous utilisons simplement des outils d’IA pour programmer la manière dont les arbres se parlent entre eux. Nous utilisons les connaissances et les jeux de données dont nous disposons, puis nous programmons la manière dont les arbres réagiraient les uns avec les autres et laissons libre cours à l’IA. En tant qu’artiste, il est d’ailleurs particulièrement intéressant de retrouver l’oeuvre un mois après et de voir qu’elle a évolué d’une manière partiellement ou complètement différente de ce que j’avais imaginé. L’IA nous permet de simuler assez finement sur ordinateur la manière dont les arbres interagissent. De ce point de vue, c’est l’un des meilleurs outils dont nous disposons actuellement. Nous y avons également recours pour l’audio, afin de donner aux arbres leur propre paysage sonore. Ils échangent en effet sur une base linguistique, en utilisant des structures articulées proches de celles des phrases. Les arbres simulés commencent ainsi à se parler avec leur propre langue. Au bout d’un moment, l’IA trace son propre chemin, même si nous devons ensuite effacer un peu son rôle pour rendre tout cela esthétique. Il n’en reste pas moins que l’IA n’est qu’un outil, même si c’est actuellement le meilleur moyen de simuler l’intelligence végétale.

 

Outre votre pratique artistique, vous avez également une activité d’enseignement ; s’agit-il d’une manière de promouvoir ces relations entre art et science ? 

 

Je pense que lorsque vous atteignez un certain niveau, commencer à enseigner aux nouvelles générations devient une obligation. Cela permet de partager son expérience tout en évitant de s’enfermer sur soi. Une grande partie de mon travail consistant à connecter le public aux faits scientifiques importants, j’ai commencé à enseigner à l’université de technologie de Delft et à la Vrije Universiteit Amsterdam. Mon travail auprès d’étudiants en sciences et en arts-sciences va ainsi dans la lignée de mes oeuvres, avec l’idée de leur transmettre des façons de communiquer des enjeux complexes d’une manière abordable et accessible, plutôt que de façon rigide, traditionnelle. L’un de ces étudiants pourrait très bien faire un jour des avancées significatives pour combattre une maladie ou un virus, mais si il ou elle est incapable de traduire ces résultats scientifiques révolutionnaires dans une forme permettant de toucher le grand public, il y a fort à parier que tout ce travail n’aura servi à rien et finira perdu dans un journal scientifique classique.

Je suis un passionné de science, c’est pour cela qu’apprendre aux étudiants des manières de communiquer les idées scientifiques à des non-initiés est aussi important pour moi, mais c’est également parce que j’ai peur que ces connaissances restent inutilisées. Notre processus consiste à réaliser des oeuvres d’art ensemble : les étudiants sélectionnent un de leurs travaux et en explorent les enjeux éthiques, mais aussi les raisons pour lesquelles ce travail leur semble important pour eux, d’un point de vue personnel. Sur la base de leurs propres recherches scientifiques, ils commencent donc à produire des photographies, des films ou encore des sculptures, ce qui leur permet d’apprendre de façon active à mieux s’exprimer, et pour nous de découvrir un peu l’humain derrière le scientifique, ce qui est toujours passionnant.

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Caroline Goulard est data-journaliste et cofondatrice de Dataveyes. Elle traduit les données en expériences pour les rendre intelligibles par tous. Grace à de nouveaux modes de visualisation, il devient possible de comprendre les besoins d’une population et de développer des services qui anticipent les nouveaux usages.

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