À l’école de l’Anthropocène urbain

  • Publié le 7 octobre 2021
  • Michel Lussault
  • 15 minutes

Répondre au défi de l’Anthropocène passe par une action sur les villes, parce qu’elles concentrent les enjeux, mais également parce que leur désirabilité ne baissera pas malgré les crises. Selon Michel Lussault, l’urbanité propre à la « ville relationnelle » reste essentielle comme expérience de l’altérité, et en ce sens le tout-numérique (dont le télétravail généralisé) représente un projet de « contre-société ». La complexité croissante de l’urbanisation planétaire renforce l’inscription systémique des villes et pousse l’urbanisme vers une interdisciplinarité croissante, démarche qu’il promeut au sein de l’École urbaine de Lyon, notamment autour du concept de « santé commune », conçu pour aborder spatialement des questions de justice sociale, de santé publique et de réparation des écosystèmes.

La crise sanitaire globale a mis en avant la vulnérabilité des métropoles. Avez-vous le sentiment que nous vivons une remise en cause justifiée de l’urbain ?

La pandémie a poussé un certain nombre d’acteurs sociaux, culturels et politiques à remettre en question l’organisation urbaine et critiquer la ville, notamment dans ses formes les plus métropolitaines, en soulignant que l’urbain dense et divers serait un milieu potentiellement pathogène. Ce discours est très fort dans les pays de tradition critique vis-à-vis de la question urbaine, et en premier lieu en France, dont la culture politique me semble fondamentalement urbanophobe. C’est un phénomène que nous retrouvons également aux États-Unis, notamment au sein de l’électorat républicain qui a soutenu Donald Trump. Mais en analysant la situation plus en détail, nous nous apercevons que précisément parce qu’ils étaient soudainement dans l’incapacité de se mouvoir, de fréquenter des espaces publics ou de culture, les citadins ont très rapidement pris conscience de l’importance de l’urbanité. Privées de l’appel du dehors, nos vies individuelles ont souffert de la disparition des relations de sociabilité au travail comme des possibilités de rencontrer des personnes que nous ne connaissons pas.

L’espace urbain est précisément celui qui nous permet d’assumer cette vie relationnelle, au cœur d’une ville relationnelle qui révèle toute son importance lorsque nous en sommes privés. La principale difficulté de cette expérience – avec le confinement, le couvre-feu et les restrictions de circulation ou de pratique des lieux – est certainement qu’elle rabat notre existence individuelle dans une sorte de face-à-face avec nous-mêmes ou notre seule famille proche. Certains y ont probablement trouvé du plaisir, mais pour la plupart d’entre nous il a vite été évident que ce que nous gagnions en confort et en sécurité, nous le perdions en capacité de relation, de contact, d’ouverture et d’expérience de l’altérité. En ce sens, je suis convaincu que la remise en question de l’urbanité n’est le fait que de ceux qui n’aimaient déjà pas la ville. La crise pandémique a plutôt renforcé par cette expérience in vivo la valeur des expériences que la ville nous offre en temps « normal ». Dans une certaine mesure, l’urbanité peut en sortir renforcée, mais ce ne sera probablement plus la même qu’il y a quatre ou cinq ans, car dans le même mouvement nous avons appris que nous pouvions envisager différemment les relations à autrui. Cette expérience nous a confortés dans l’idée que nous avons besoin d’une vie relationnelle tout en nous poussant à réfléchir à nos priorités en termes de relation.

Cette vie relationnelle est également affectée par le télétravail à grande échelle suscité par la crise. En quoi ce phénomène vous semble-t-il poser un problème social et urbain majeur ?

Il me semble que le télétravail généralisé peut être considéré comme un projet de « contre-société », notamment parce qu’il s’attaque aux bases historiques du salariat. Depuis deux siècles, avec l’industrialisation, le salariat s’est en effet construit comme l’exercice d’une profession dans le cadre social particulier de l’entreprise, qui n’est par définition pas le chez-soi. Nous avons organisé nos sociétés et nos modèles sociaux à partir de ce concept, avec l’idée sous-jacente que l’espace du travail n’est pas le domicile. Nous avons acquis des droits individuels et sociaux à partir de cela, et un certain nombre de grandes entreprises – notamment dans la tech – ne s’y trompent pas en promouvant désormais un télétravail dont nous voyons bien qu’il pourrait remettre en question les droits des travailleurs que nous avons collectivement acquis depuis plus d’un siècle. Mais c’est également un projet de contre-société dans la mesure où cela va dans le sens de tous ceux – et ils sont nombreux du côté des acteurs économiques, mais aussi d’un certain nombre d’acteurs culturels et politiques – qui pensent l’idéal de vie comme une vie resserrée, recentrée sur le domicile et la sphère personnelle, sur ce que j’appellerais la « citadelle domestique » ou la « forteresse domestique ». Pour certains, le modèle de la ville de demain ressemblerait à un individu souverain chez lui, commandant tout ce qu’il a envie de consommer via des applications et des plateformes. Une sorte d’autosuffisance pour des individus qui deviendraient des « hyper-lieux incarnés » et pourraient tout ramener à eux, envoyant vers le vaste monde leurs désirs et leurs commandes. Je trouve que ce modèle est profondément problématique parce qu’il fait fi de l’importance pour les individus – que je ne postule pas par choix philosophique, mais que je déduis de toute l’histoire de la vie individuelle et sociale – de la relation à autrui, de l’extériorité, du besoin d’aller au contact de ce qui n’est pas son domicile, de la possibilité d’assumer des relations qui ne sont pas contraintes par les nécessités familiales. Qu’allons-nous chercher à l’extérieur ? Des liens, fussent-ils faibles, qui ne sont justement pas imposés par la filiation, la famille ou le travail. C’est cela que nous allons goûter dans la pratique urbaine de loisir, celle qui nous pousse à sortir en fin de journée ou le week-end : nous allons rencontrer l’autre, celui que nous ne connaissons pas, dans une sorte de relation d’indifférence. C’est une relation très étrange, puisque nous ne sommes pas dans la familiarité avec cet autre, même si nous pratiquons les mêmes lieux, mais que nous ne sommes pas non plus dans la conflictualité. Au fond, la généralisation du tout numérique à domicile – télétravail, téléconsommation, téléloisirs, téléformation, télémédecine…– est un modèle de contre-société qui représente l’antithèse d’une société urbaine.

Cette ville de la relation, de l’altérité, est aussi un espace dont les défis et la complexité croissante ne semblent également plus accessibles sans l’autre. Avez-vous le sentiment que nous assistons à une nouvelle science pluridisciplinaire de la ville ?

L’étude scientifique des villes et du phénomène d’urbanisation a toujours été propice à l’interdisciplinarité, parce qu’on s’est aperçu dès le xixe siècle, au moment où Cerdà invente l’urbanisme au sens d’une science nouvelle, que ce processus était si complexe qu’il ne pouvait être saisi par une seule discipline, comme Françoise Choay l’avait magnifiquement démontré dès les années 1960 dans ses études sur l’apparition de ce nouveau champ de connaissance. Il me semble toutefois que cette tendance s’est renforcée depuis quelques décennies, à mesure que l’urbanisation devenait planétaire et prenait la forme d’un système de plus en plus complexe, bouleversant les espaces de vie et les paysages – mais également les formes de vie des individus, les cultures, la production économique et les régulations politiques – en se déployant synchroniquement à toutes les échelles, de la planète jusqu’aux échelles locales qui nous concernent dans nos pratiques au jour le jour. Aucune discipline n’a plus la possibilité de cerner ce système complexe dans son intégralité.

Les urban studies (études urbaines) qui se sont constituées un peu partout dans le monde dans les années 1960-1970, étaient également transversales. Elles faisaient déjà converger les sciences sociales, la géographie, l’architecture, l’urbanisme, le droit ou encore les sciences de l’ingénieur, pour les questions de réseaux. Il me semble néanmoins que cela s’accentue et que nous vivons une nouvelle étape de cette interdisciplinarité avec l’entrée dans l’Anthropocène. Nous comprenons en effet de mieux en mieux que l’urbanisation est un système qui fabrique de l’environnement et que les activités urbaines ont des impacts colossaux sur les systèmes biophysiques. Une nouvelle interdisciplinarité se développe donc pour comprendre ce changement global par l’urbanisation planétaire qui me fait dire que l’Anthropocène est à de nombreux titres un Urbanocène. Nous voyons désormais des géographes travailler avec des écologues, des écologues travailler avec des spécialistes de science de l’air, qui travaillent eux-mêmes avec des urbanistes ; nous voyons des juristes travailler avec des biologistes, des chimistes travailler avec des géographes, etc. Je le constate au sein de l’École urbaine de Lyon, que j’ai créée et que je dirige pour essayer d’aborder la question de l’Anthropocène urbain. Toutes les disciplines sont aujourd’hui en train de converger vers une réflexion commune : comment penser l’urbain contemporain en tant que vecteur du changement global ? Et, en retour, comment penser ce que le changement global impose d’évolution de la compréhension et de la conception de ces espaces urbains qui devront accueillir dix milliards d’habitants sur Terre en 2050 ?

Pourriez-vous nous présenter plus avant le projet de l’École urbaine ? Quelles sont la vision et les méthodes qui s’y développent ? Avec quels acteurs et autour de quels enseignements ?

L’École urbaine de Lyon est un programme de recherche et de formation expérimental, financé pendant huit ans, jusqu’en 2025, par le Secrétariat général pour l’investissement, qui comporte le Programme d’investissements d’avenir. Notre objectif est de donner de la consistance à l’hypothèse suivante : l’urbanisation généralisée du monde est le vecteur du changement global. Si nous entrons dans l’Anthropocène, cette époque où nous découvrons l’impact systémique des activités humaines sur la planète, à toutes les échelles synchroniquement, nous le devons largement à l’urbanisation. Précisons que l’urbanisation n’est pas qu’un phénomène démographique ou géographique – même si la croissance des populations urbanisées et les bouleversements des espaces sont des indicateurs pertinents de la puissance du processus –, mais une mutation des « formes de vie ». Aujourd’hui, les Terriens habitent la planète en urbains, même lorsqu’ils résident dans un espace rural ! Nous retrouvons ici la trame de mes analyses concernant l’urbanisation comme force instituante du monde. À partir de là, nous tentons de développer des activités scientifiques et de formation innovantes, fondées sur l’idée de multidisciplinarité radicale.

Nous mettons donc en place des « studios » de recherche sur des thématiques très transversales qui bousculent les certitudes disciplinaires. Par exemple, nous venons de créer un studio de recherche sur le métabolisme urbain, pour tenter de comprendre ce que le concept de métabolisme peut apporter à la connaissance des réalités urbaines anthropocènes. Nous développons également un parcours doctoral innovant – qui accueille aujourd’hui plus de vingt doctorants issus des sciences expérimentales comme des sciences sociales – qui pousse les doctorants à se lancer dans des activités de formation peu classiques à ce niveau de cursus. Nous avons ainsi créé Radio Anthropocène, qui émet tous les mercredis et qui est largement fondée sur des émissions conçues et réalisées par les doctorants eux-mêmes. La radio est ainsi un instrument d’ouverture pédagogique qui les incite à appréhender différemment leur savoir.

Nous avons également conçu l’École urbaine comme une université ouverte à tous les savoirs anthropocènes, d’où le nom d’« école » : toutes nos activités sont ouvertes au public, librement. Nous organisons des cours publics, des séminaires de recherche et des ateliers d’expérimentation publics, nous programmons également des débats, développons des partenariats avec des artistes, concevons des expositions. Je pense à deux expositions récentes, que nous avons coproduites et coconçues : l’une au musée des Confluences à Lyon, La Terre en héritage, qui met en relation la période néolithique et l’Anthropocène, l’autre au 104 Paris, développée avec l’agence Encore Heureux, Énergies Désespoirs, une exposition très originale, entièrement en peinture, consacrée à une réflexion sur l’état de la planète.

Nous organisons également chaque fin de mois de janvier une semaine de recherche, d’expérimentation et de débats publics, intitulée « À l’école de l’Anthropocène », qui est l’événement public régulier le plus important organisé en Europe, et peut-être même dans le monde, sur cette question. Enfin, nous développons une intense activité d’édition numérique – avec notre média en ligne Antropocène 2050 –, de diffusion audio-vidéo – chaîne YouTube et podcasts audio – et d’édition papier, dans le cadre d’un partenariat avec les Éditions deux-cent-cinq. Tout cela est présenté en détail sur notre site internet. Nous concevons cette activité tous azimuts comme une activité d’incubation : notre objectif est qu’à la fin du programme, en 2025, nous ayons pu faire bouger les lignes et inciter les chercheurs, les étudiants, les parties prenantes et acteurs de la société à penser et agir en sortant des certitudes anciennes pour affronter l’incertitude anthropocène. Je suis heureux de pouvoir terminer ma carrière universitaire par ce programme très audacieux.

Quels sont pour vous les savoirs fondamentaux à transmettre aux nouvelles générations d’étudiants/acteurs ? Quel type de nouvelle intelligence l’École urbaine cherche-t-elle à générer pour répondre à ces enjeux de l’Anthropocène urbain ?

Je pense qu’il est essentiel d’élargir encore le champ de l’interdisciplinarité et cela procède de ce que j’ai expliqué précédemment : tous les étudiants s’intéressant aux questions anthropocènes devraient avoir une formation les confrontant aux savoirs théoriques et expérimentaux des sciences, aux savoirs théoriques et empiriques des sciences sociales et des humanités, aux savoirs technologiques des sciences de l’ingénieur. Ils devraient aussi être sensibilisés au design, au sens large du terme, c’est-à-dire entendu comme la capacité de concevoir un processus, une production à partir du diagnostic d’une situation.

Je crois que nous devons mieux les préparer à aborder les questions sociales, à s’impliquer dans la cité, et qu’il faut également les « frotter » à ce que l’art et la création permettent de dire et de montrer de l’expérience humaine de cohabitation de la planète Terre. Ce que nous tentons de faire à l’École urbaine pourrait se résumer ainsi : une approche de l’interdépendance entre toutes les formes d’intelligence des phénomènes, une reconnaissance de la pluralité des manières d’aborder les choses et d’exprimer les connaissances. Il faut en finir avec la traditionnelle hiérarchie pyramidale des savoirs, de même qu’il faut sortir des silos disciplinaires. Les questions anthropocènes sont tellement complexes qu’elles bousculent toutes les certitudes et nous obligent à réinventer les manières de penser et d’agir. C’est un enjeu de formation considérable, en même temps qu’une contrainte créatrice très stimulante. Je constate que les jeunes générations y aspirent et cela me réjouit.

La géographie, votre discipline d’origine, vous semble-t-elle jouer un rôle particulier dans cette analyse interdisciplinaire des enjeux de la ville ?

Ce que je trouve intéressant, et qui me laisse penser que les géographes ont une part importante à apporter à cette interdisciplinarité, c’est que la question urbaine est d’abord une question spatiale. Elle part toujours d’un espace qui fait problème, qu’il soit local ou global, que l’on s’intéresse à l’ensemble de la planète transformée par l’urbanisation ou au domicile d’un habitant de ce système urbain, dont les formes de vie correspondent aux formes de vie globalisées que ce système urbain déploie. À mon sens, l’entrée dans la compréhension de la question urbaine contemporaine se fait toujours à partir d’une problématique spatiale. La pandémie de Covid pourrait par exemple être intégralement pensée comme un phénomène urbain traversant l’urbanisation planétaire, se déployant grâce à la systématique de cette urbanisation. Ce qui signifie que nous pouvons la penser comme un phénomène spatial, depuis l’infection du patient zéro près de Wuhan, dans la province du Hubei, vers la fin 2019, jusqu’à la paralysie globale et la remise en question des fonctionnements ordinaires du système monde. Les avions ne volent plus, les centres commerciaux ne fonctionnent plus, les trafics maritimes ne sont plus les mêmes, etc. Tout cela forme des problèmes spatiaux qui nous permettent de penser un état du système urbain tel que transformé par la crise pandémique. C’est pour cela qu’il me semble très difficile de penser l’urbain sans aborder cette pensée par la question spatiale, à quelque échelle qu’on la considère.

Pourriez-vous nous expliquer votre concept de « santé commune », qui cherche justement à faire le lien entre ces différentes échelles spatiales ?

Nous voyons émerger depuis maintenant une vingtaine d’années de nombreuses réflexions dans le monde sur le global health – la « santé globale » en bon français –, et l’approche one health, la « santé intégratrice », même si je préfère pour ma part l’expression de « santé commune ». Il s’agit de réflexions explorant la façon dont nous pouvons, dans un espace donné, articuler des préoccupations de justice sociale, d’éthique et de santé publique avec des préoccupations de restauration et de réparation des écosystèmes. La justice et l’éthique relèvent d’une approche promouvant un système social en bonne santé, permettant à la plupart des individus de vivre une bonne vie. La dimension « santé publique » recouvre l’ensemble de ce qui permet à un individu de traverser les épreuves sanitaires qu’il éprouve nécessairement au cours de sa vie, ce à quoi nous sommes plus sensibles que jamais. À tout cela s’ajoute la « santé des écosystèmes », qui désigne l’ensemble des démarches que nous pouvons mettre en œuvre pour que les écosystèmes se voient repotentialisés et régénérés plutôt qu’appauvris ou dégradés par les effets de l’urbanisation généralisée.

Le terme de « santé » est certes discutable, notamment appliqué à des écosystèmes ou des phénomènes sociaux, au sens où nous devons nous méfier d’une dérive vers le tout sanitaire, mais il me semble qu’il y a quelque chose de profondément intéressant dans cette idée, notamment dans la mesure où la santé y est davantage perçue comme un « prendre soin ». De ce point de vue, je préfère parler d’un care spécifique : comment prendre soin de la société de façon qu’elle ne laisse pas de côté les plus faibles ? Comment prendre soin de la santé des humains ? Comment prendre soin des écosystèmes de façon qu’ils ne soient pas appauvris et que les êtres vivants de ces écosystèmes soient dans la meilleure santé possible ? Ce que j’entends par « santé commune », ma traduction de global health, est donc plutôt ce « prendre soin généralisé » qui est une manière de connecter les échelles, car le prendre soin de l’individu recoupe le prendre soin de la société, mais aussi celui des écosystèmes, même s’il ne s’exprime pas à la même échelle.

Lorsque nous observons un phénomène local, nous nous apercevons qu’un écosystème nous emmène aux limites du système biophysique planétaire. Et comme il s’agit d’un système, il y a articulation et connexion de toutes les échelles. Le « prendre soin » de la société nous place à une autre échelle encore : de quelle société parlons-nous ? de la société locale ? Mais la société locale est en relation directe avec la société nationale, qui n’est elle-même pas découplée des dynamiques de la société mondiale. Cela nous conduit à assumer ce que j’appelle « l’hyper-spatialité » des phénomènes urbains contemporains, c’est-à-dire le jeu synchrone de toutes les échelles, de tous les ordres de grandeur des phénomènes, qui caractérise le monde urbain contemporain.

L’approche du « prendre soin » ou de la « santé commune » me paraît donc intéressante pour comprendre ces articulations d’échelle, mais elle est également fondamentale des points de vue de l’éthique et de la politique, parce que « prendre soin d’eux » est l’exacte antithèse des discours de conquête et de puissance que l’on nous sert depuis cinquante ans comme les modèles de développement de l’activité humaine. En ce sens, prendre soin est probablement ce qui nous permettra de faire face à l’Anthropocène.

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