Une nouvelle Porte Maillot

La réinvention de Freedom fait signal comme l’un des projets pionniers du renouveau de la Porte Maillot, qui fait l’objet d’un ambitieux projet de requalification visant à transformer le rond-point routier en une place publique. Pacifiée et dotée d’un pôle multimodal la transformant en un hub métropolitain, la Porte Maillot offre un nouveau visage, plus vivant et dynamique, qui s’intègre dans la refonte de l’Axe majeur, des Tuileries à La Défense.

Un patrimoine à réinventer

Construit au milieu des années 1960 pour le groupe Kuhlmann, Freedom est un bel exemple du modernisme fonctionnaliste d’après-guerre. Exceptionnel par son linéaire, le bâtiment développe une trame rigoureuse, sobre et monumentale, typique des immeubles de bureaux de prestige des Trente Glorieuses. Dessiné René-André Coulon, collaborateur de Robert Mallet-Stevens, le bâtiment a largement été publié dans la presse architecturale des années 1960, et reste aujourd’hui cité dans les ouvrages de référence. Il incarnait une certaine idée de la modernité et du luxe, dans cette pointe cossue du Quartier Central des Affaires.

Un ensemble hors d’usage

50 ans plus tard, Freedom offrait un visage terni, peu visible malgré son linéaire. D’une organisation fonctionnelle mais sans qualité particulière, devenu techniquement hors normes, il a souffert de campagnes d’aménagement peu inspirées. À l’extérieur, il présentait un habillage dégradé esthétiquement et peu performant énergétiquement. La décoration intérieure avait perdu son intégrité, et le jardin, encombré d’aires de livraison et d’édicules techniques, toute qualité visuelle ou d’usage.

Faire signal

PCA-STREAM prend le parti d’une réinterprétation modernisée, en accentuant le principe d’un bâtiment Janus : côté Porte Maillot, la rigueur de l’écriture est préservée et mise à jour techniquement et stylistiquement. L’emploi du marbre souligne la monumentalité du bâtiment, renforcée par une entrée magistrale en double-hauteur et une galerie lumineuse en attique couronnant l’ensemble ; ses vantelles de verre photovoltaïque s’éclairent la nuit comme un phare urbain. Côté sud, une nouvelle façade vivante est agrémentée d’espaces extérieurs en terrasses ; avec ses formes organiques et sa végétation grimpante, elle est s’intègre au visage plus domestique de cette face donnant sur des jardins d’hôtels particuliers.

Nouveaux usages

L’architecture doit incarner l’expérience collective du bureau, condition de l’innovation, de l’efficacité et la sérendipité dans les entreprises de pointe. Pour Freedom, il s’agissait de rationaliser les espaces et de leur redonner de la lisibilité, notamment en travaillant les circulations. La desserte verticale est assurée par un noyau de circulation regroupant les ascenseurs et des escaliers Chambord en premier jour, où chacun aura plaisir à se croiser. Une proportion élevée d’espaces communs et informels favorise la convivialité et la sérendipité, tandis que de nombreuses salles de réunion stratégiquement situées au bout des escaliers invitent au travail collectif. Dans les étages, de grands plateaux ouverts et modulables en premier jour offrent des conditions de travail agréables et flexibles, ainsi que l’accès à de larges coursives et terrasses plantées. Libéré des fonctions de desserte des véhicules, le rez-de-chaussée devient un espace de détente, de loisir et de services ouvert sur la ville et le jardin. À chaque étage, les traversées visuelles sont privilégiées, avec des terrasses et coursives largement végétalisées, pour un moment de pause en plein air. Le jardin est libéré de la technique et développe un projet paysager sur plusieurs strates, accueillant des espaces de détente ou de déjeuner en lien avec le socle. Véritable bâtiment-paysage, Freedom met l’accent sur le renforcement de la biodiversité : sa façade vivante permet un continuum végétal depuis les prairies de graminées, en passant par les bacs des terrasses, liés par les plantes grimpantes, jusqu’aux toitures végétalisées.