Bonjour à tous !
C’est comme si notre équipe d’artistes, pas marins pour un rond, devaient voir ce qu’était une tempête ! Depuis notre arrivée, ils
ne cessent de nous demander : « Mais, c’était vraiment une grosse tempête ? C’était plutôt une grosse ou une très très grosse tempête ? » La réponse est du genre : « c’était une tempête à taille humaine, plutôt une grosse tempête, mais on ne parle pas des tempêtes qui dépassent l’entendement, celles qui sont plus que des tempêtes. On a eu force 11-12 sur l’échelle de Beaufort, or 12 est le maxi, ça donne un ordre d’idée ». Chacun raconte son vécu lors de cette tempête, bientôt on croirait entendre des récits de Cap Horniens (que nous sommes d’ailleurs !). Mais Tara est tellement confortable et robuste que de l’intérieur, même si l’on est bien secoué dans la bannette, on ne se rend pas bien compte de ce qui se passe dehors… C’est la direction du vent qui a décidé de notre point d’atterrissage sur la péninsule, après le coup de vent, l’idée a été d’aller au plus court, et c’est ainsi que nous avons atterri aux Pitt Islands. Cet archipel que nous avons essayé d’atteindre lors de l’expé précédente (empêchés
par la présence de glace), est réputé pour les léopards des mers. Nous y arrivons sous la pluie, la visibilité n’est pas des meilleures, mais doucement, nous pénétrons au cœur de ce groupe d’îlots. Pascal,
notre guide Antarctique, qui est déjà venu 15 fois en péninsule sur son voilier Fernande de 22m, me guide dans ce labyrinthe. Pendant l’approche des îles, de nouveau de gros icebergs éblouissent les yeux et les films des caméras. Le temps est gris et nos preneurs d’image sont enchantés, « s’il fait beau, le blanc éblouit tout, c’est tout de suite surexposé, il n’y a aucun contraste et on ne voit pas les reliefs, en plus, ce que veut Pierre dans son film, ce sont des images noires, de brouillard, de vent, de mauvais temps… ».
Dès notre arrivée, vers 20h, Pierre est allé mettre le pied à terre pour se faire une idée, pour prendre contact. « J’ai mis le pied sur une autre planète, c’est incroyable, c’est une planète dans une planète. » Rencontre brève avec 3 léopards des mers qui digèrent sur une plaque de fast ice. Depuis 24 heures que nous sommes en péninsule, nous pouvons dire que nous sommes gâtés pour les images noires, tempête de neige pendant la nuit, brume et neige toute la journée, le pont est recouvert de 10 cm de cette couverture blanche pour la grande joie d’Aleksandra qui s’empresse de faire un magnifique bonhomme grandeur nature. Pierre et une grande partie de l’équipe sont à terre et entame le tournage. Pascal qui les accompagne revient enchanté, il essaie de m’expliquer la manière inhabituelle de filmer, ce besoin de mettre des couleurs pour donner des dimensions, de placer des personnages dans le décor dans le même but. Une chance ce matin, un minimum de 40 otaries n’a cessé de monter sur la glace, plonger et jouer dans la neige. Pascal avoue ne jamais avoir vu un tel ballet auparavant.
Aleksandra essaie de comprendre ce que Pascal vient rechercher ici, « la beauté des paysages, la surprise de découvrir toujours quelque chose de nouveau… » Are you an addict ? D’abord, il répond « non », mais à la fin de son explication, la réponse est « oui » ! L’Antarctique est une drogue ! Pour clôturer la journée, tour en zodiac pour filmer le bateau dans cette ambiance de brume et de vent. J’attends que la météo soit meilleure pour sortir du labyrinthe…
Céline
Capitaine de l’expédition