« Artefacts naturels » et écosystèmes urbains
La vogue des projets de réintégration du végétal en ville interroge nos définitions du naturel et de l’artificiel. Conjuguant ses recherches en philosophie environnementale et sa pratique urbanistique, Marion Waller développe le concept d’« artefact naturel ». Il s’agit de donner un cadre éthique et politique à des objets créés par l’homme, « semblables » à la nature et dotés d’autonomie. Son analyse bat en brèche la vision commune de toute intervention humaine sur l’environnement comme ontologiquement négative, soulignant plutôt l’importance de renforcer les liens homme/nature en multipliant les hybrides. Les artefacts naturels deviennent ainsi un modèle dans la pratique urbanistique, réduisant l’opposition ville/nature. Plutôt que de « restaurer » et sanctuariser la nature, elle invite à accepter de modifier le vivant, à le réintégrer dans la ville selon un modèle de « réhabitation », en multipliant les occasions d’interactions entre les écosystèmes et en tissant des milieux variés au sein de l’espace urbain.