Les potentialités de la nuit

  • Publié le 15 octobre 2024
  • PCA-STREAM
  • 19 minutes

Jadis sanctuaire des songes et des imaginaires, la nuit se voit aujourd’hui reléguée au simple rôle de prélude utilitaire au jour. Les territoires nocturnes recèlent une puissance alchimique, capable de transfigurer nos perceptions. Pourtant, la nuit, pensée à travers le prisme des usages, exacerbe aussi les inégalités et questionne les possibilités d’une nuit urbaine accessible à tous et toutes. En explorant ses potentialités, la nuit se dévoile comme un espace-temps où se tissent des interactions complexes qui pourraient être revitalisées par une architecture chronotopique et inclusive.

Pour se mettre en mouvement, et tenter de mieux saisir la nuit, opérons un tour d’horizon à travers les nuits de l’histoire pour dessiner, aux prismes des usages nocturnes, les contours d’une nuit, dont la perception et le vécu ont bien changé, époque après époque. Les Gaulois comptaient le temps en nuits, les Grecs voyaient en elle une conseillère avisée, les Égyptiens lui attribuaient une valeur prémonitoire par le rêve. Durant la Renaissance, les foyers se sont réaménagés en s’ouvrant d’avantage vers l’extérieur grâce à un espace urbain plus sécurisé de jour comme de nuitArticle de Jean-Noël Berguit : l’histoire de l’homme à travers la nuit, VST-Vie sociale et traitements, n°82, 2004, page 23 à 28. S’en est suivi une longue période de développement de la nuit comme espace-temps de divertissement, d’expression alternative, tandis que les innovations dans le domaine de l’éclairage ont progressivement permis de l’apprivoiser. Mais, en domptant la nuit, n’avons-nous pas réduit les dimensions — géographiques et sémantiques — de nos territoires nocturnes ? Faut-il continuer à repousser les limites de la nuit ou au contraire lui laisser le champ libre ? Qu’est-ce que cela implique sur nos manières d’habiter la nuit ?

« La nuit, dernière frontière de la ville »

Dompter la nuit, dilater le temps

Dompter la nuit a longtemps été un privilège réservé à la sphère privée des jardins et palais, théâtres de divertissements nocturnes de la classe dominante, tandis que la nuit était réservée au repos et au labeur pour le reste de la population.

La pratique du sommeil biphasé, révélée par l’historien américain Roger EkirchRoger Ekrich, At Day’s Close :Night in Times Past, 2006 démontre ce contraste d’usages : jusqu’à la révolution industrielle, les paysans et les marchands se réveillaient vers minuit après une première phase de sommeil pour surveiller leurs bêtes, effectuer de petites tâches ménagères ou encore simplement pour discuter et partager un moment intime avant de se rendormir jusqu’à l’aube.

À l’inverse, les nuits aristocratiques ayant lieu dans de vastes propriétés autour de ParisEntretien avec Didier Masseau : Fêtes et folies en France à la fin de l’Ancien Régime, XVIII siècle. N°1 Histoire Magazine, étaient animées par des chasses et villégiatures saisonnières. La cour, véritable ville ambulante, déplaçait sa nuit entre les féeries de VersaillesDécouvrir le tableau de Claude-Louis Châtelet : Illumination du Belvédère et du Rocher le 1er Août 1781. — où statues antiques, décors peints, illuminations, bal masqués et feux d’artifices nourrissaient les imaginaires, les fantasmes et les transgressions — et les soirées frondeuses loin de Paris, où se réunissaient une bourgeoisie montante et une aristocratie lassée de Versailles. Ces soirées nécessitaient de longs déplacements à travers un territoire majoritairement rural, où l’obscurité représentait encore un obstacle.

À partir de la fin du XVIIIe siècle, avec l’éclairage public par lanternes à huile, on assiste à l’apparition de clubs et de cafés, lieux d’échanges et de débats qui permettent l’émergence d’une nouvelle culture de l’espace public, essentiellement bourgeoise.

L’éclairage au gaz, puis l’éclairage électrique transforment encore davantage les villes. Les premières lampes à incandescence, développées par Edison en 1879, projettent une lumière plus intense et fiable et facilitent la gestion de l’espace urbain la nuit. L’apparition du tourisme nocturne à Paris qui accompagne cette transition technologique marque une transformation majeure de la vie urbaine et sociale de la capitale. En 1834, le préfet Rambuteau annonce fièrement que les trottoirs parisiens s’étendront sur 29 kilomètres. À la fin du siècle, ces espaces piétonniers représentent près de 700 hectares, témoignant de l’effort considérable pour aménager des espaces publics vivants et actifs. Cette infrastructure a permis à Paris de supporter une croissance urbaine rapide et d’offrir un cadre propice à la culture du divertissement nocturne. Les habitants et visiteurs se sont appropriés cette organisation urbaine, notamment à travers les initiatives privées des cafetiers, restaurateurs, promoteurs de spectacles, et autres entrepreneurs qui ont créé une culture de la nuit sans précédent.

Cette période prolongée de développement des commerces et de loisirs nocturnes a favorisé l’émergence d’une population active pour soutenir ces activités.

Salle de bal du Château-Rouge, S.D Gravure d'A.Provost © Musée Carnavalet / Roger-Viollet

De l’invisibilité des travailleurs aux feux des projecteurs

Ces dernières années, la tendance au travail de nuit augmente, portée par une société en quête de services disponibles à toute heure. Selon l’Institut National de la Statistique et des Études Économiques (INSEE), en 2022, environ 18% des travailleurs en France exerçaient une activité nocturne, contre 15% en 2010INSEE, 2022, « Les travailleurs de nuit en France ». Pourtant, cette expansion ne peut ignorer les défis qu’elle pose, à la fois d’un point de vue des infrastructures urbaines et architecturales mais aussi d’un point de vue social : car selon l’Observatoire des Inégalités, les travailleurs de nuit sont surtout des hommes peu qualifiésObservatoire des Inégalités, Les travailleurs de la nuit : surtout des hommes peu qualifiés, 26 mars 2024, http://www.inegalites.fr/Travail-de-nuit, atteignant jusqu’à 12% chez les ouvriers.

Pour améliorer le vécu et l’expérience de ces travailleurs, il est nécessaire de repenser les politiques publiques et les pratiques organisationnelles : améliorer les conditions de travail, offrir un soutien psychologique, garantir une rémunération adaptée et, surtout, reconnaître la singularité de leur contribution à la société. Il est également crucial de développer des services adaptés à leurs besoins spécifiques, qu’il s’agisse de services de santé disponibles à des heures atypiques, d’infrastructures dédiées ou de lieux de détente accessibles en dehors des horaires classiques.

Pour exemple, les déplacements vers le lieu de travail sont l’un des inconvénients du travail asynchrone, en particulier pour les salariés ne disposant pas d’une voiture, étant donné la réduction de l’offre de transports en commun. La mise en place de tracés élargis ou de transports à la demande apparaît donc essentielle pour répondre notamment aux besoins liés au travail. Dans la commune du Havre, le service « L’iA de Nuit » fonctionne ainsi toute l’année, de 0h30 à 5h00 du matin et jusqu’à 6h15 le dimanche matin. Il est possible de réserver en ligne entre 24h et 30 minutes à l’avance et la prise en charge et la dépose s’effectuent uniquement sur les arrêts référencésFlyer, L’iA de Nuit, https://www.transports-lia.fr/ftp/document/flyer-lia-de-nuit-062018.pdf. L’accès à une offre de transport en continu relève ainsi plus souvent d’une volonté politique que d’une incapacité technologique : pour pouvoir fonctionner à toute heure, le métro de New York est ainsi équipé de trois voies au lieu de deux, ce qui permet d’organiser la maintenance du réseau sans perturber le fonctionnement du métro.

Selon une étude de l’APURAPUR, PARIS LA NUIT, étude exploratoire, ville de Paris et comite RATP, 2004, Paris a su mettre en place une politique urbaine de la nuit et s’adapter aux diverses demandes de services nocturnes, mais doit faire face à des tensions d’usages très élevées en raison de sa forte densité. La « ville-marché » 24h sur 24, manifestation de la société de consommation, répond aux besoins des consommateurs qui souhaitent trouver de tout et à toute heure et se traduit par l’extension des horaires d’ouverture des commerces. La ville propose également une gamme variée de services, allant de la santé à la restauration, en passant par la formation en soirée, déjà bien intégrés dans les quartiers. Cependant, ces services sont encore mal connus, entraînant un manque à gagner significatif.

Travailleur de nuit de la RATP, maintenance © Jasmine Léonardon

Au-delà des enjeux de la vie nocturne quotidienne, la nuit est aussi le théâtre de moments inoubliables, où la ville se transforme en un espace de magie et d’émotion. Des événements de grande ampleur, tels que des concerts, des spectacles en plein air, ou des manifestations culturelles, viennent sublimer l’obscurité, créant des expériences collectives marquantes. L’un des exemples les plus emblématiques de cette transformation est la politique de la ville de Paris en matière d’événements nocturnes comme démontré lors des Jeux Olympiques et Paralympiques 2024. La plupart des cérémonies de cet événement planétaire ont été soigneusement orchestrées de 19h à 23h. Ce choix de programmation, en parfaite synchronisation avec le crépuscule, n’est pas anodin. La ville lumière a su mettre en scène cette transition avec brio, affirmant son statut de capitale de l’inclusivité et de l’attractivité nocturne.

La vasque olympique s'élevant au-dessus des Tuileries, Paris, 2024

« Aménager le temps pour gagner de l’espace »

Pour une approche temporelle de la ville 

Depuis la fin des années 1990 et des ouvrages fondateurs comme La nuit, dernière frontière de la villeLa nuit, dernière frontière de la ville. Editions de l’Aube, 256 p., 2005, Monde en cours, Jean Viard assisté de Hugues Nancy. de Luc Gwiazdzinski, nous avons conscience qu’adopter le temps comme clé de lecture des espaces urbains souligne non seulement l’organisation monofonctionnelle des villes mais permet aussi de nuancer le concept de la « ville dense », cette ville verticale qui lutte contre l’étalement urbain en optimisant chaque parcelle, interstice et recoin. Car l’intensification du bâti, si elle se fait en intelligence en luttant contre l’artificialisation des sols, en prenant soin du déjà-là tout en l’adaptant aux enjeux contemporains et en réintroduisant le vivant, ne peut être durable sans prendre en compte les différences de temporalités et d’usages d’un même espace. Pourtant, si les concepts théoriques, à l’image de « l’urbanisme des temps » et de la « ville malléable » de Luc Gwiazdzinski, ont fleuri et infusé la pensée architecturale, les projets chonotopiques eux, tardent à se multiplier.

En effet, lorsque vient le crépuscule, c’est toute la ville qui se réécrit en clair-obscur : les pleins urbains – immeubles de bureaux, quartiers d’affaires, sièges sociaux – se vident, tandis que les quartiers résidentiels et villes dortoirs, délaissés le jour, se remplissent. Ce cycle de vie urbain, s’il est désormais connu de tous, doit être considéré non seulement comme une véritable opportunité créative pour les acteurs de la ville, mais doit aussi faire partie des leviers pour adapter les villes aux enjeux contemporains non seulement sur le temps long, mais aussi sur le temps court, 24h/24.

Penser la ville à travers le prisme temporel et rythmique, c’est donc nécessairement placer les usages et usagers au cœur des préoccupations voire comme prérequis, à l’origine des projets d’aménagement urbains. En 1961, Joan Littlewood et Cedric Price imaginent le Fun Palace, un « laboratoire de l’amusement ». Conçu comme un cadre flexible dans lequel des espaces programmables peuvent être insérés, la structure du Fun Palace devait pouvoir changer à la demande de ses utilisateurs, exemple pionnier d’une architecture modulable.

Fun Palace : perspective intérieure, 1960-1964, architecte : Cedric Price © CCA : Fonds Cedric Price, Collection Centre Canadien d'Architecture / Canadian Centre for Architecture, Montréal

À la pluralité des usages s’ajoute la dimension temporelle, comprise comme une intensification de l’usage qui « augmente la durée de vie de l’usageFrank Boutté, 6e édition du Festival Building Beyond, Conférence Léonard « Bureaux le jour, logements la nuit : peut-on intensifier les usages du bâti ? » » et permet la métamorphose d’immeubles à faible épaisseur temporelle en immeubles chronotopiques. Augmenter la durée de vie de l’usage pourrait alors participer à la réduction du poids carbone du bâtiment, sous plusieurs conditions. Au-delà du poids carbone embarqué, correspondant à celui lié aux matériaux et à la construction elle-même, le poids carbone opérationnel, qui intègre toutes les consommations pendant l’exploitation du bâtiment doit être suffisamment optimisé pour explorer une stratégie d‘intensification des usages. Également, outre les matériaux employés et / ou réemployés, il convient de considérer les principes constructifs mis en œuvre (la construction hors-site par exemple) et la forme architecturale même du bâtiment, idéalement modulable et réversible. Cette méthodologie, augmentée par la pensée de l’usage — mixte et chronotopiqueLa chronotopie désigne la prise en compte simultanée des dimensions temporelle (chronos) et spatiales (topos). C’est penser l’espace en fonction du temps disponible et des usages possibles tout en considérant les différents publics présents. Cette notion permet de repenser les lieux en mutualisant les besoins et/ou en hybridant les usages. Source : https://www.iwms.fr/edito-2023-annee-de-limmeuble-chronotopique/ — prend donc en compte l’ensemble du cycle de vie du bâtiment, de la construction à l’occupation dans le temps. La lutte contre l’obsolescence du bâti s’enrichit ainsi d’une lutte jumelle, contre l’obsolescence des usages.

Or, s’il y a bien un usage dont les effets temporels sont visibles sur la ville, c’est le travail. Car à l’exception de la « ville qui veille », celle des travailleurs et travailleuses de nuit, ce sont des espaces de bureaux, voire des quartiers entiers qui sont abandonnés à la tombée de la nuit. Quels champs des possibles imaginer alors pour un quartier hautement monofonctionnel comme La Défense ? Pour Céline CrestinConférence Léonard : Bureaux le jour, logements la nuit : peut-on intensifier les usages du bâti ?, directrice de la stratégie et du développement responsable de Paris La Défense, « à la Défense, quand on parle de bureaux, entre les congés, la nuit et les week-ends, c’est à peine 30% du temps d’utilisation des locaux ». La combinaison des usages semble donc être une solution pour remédier à cette sous-utilisation des mètres carrés disponibles et intensifier les villes en bonne intelligence.

Réversibilité, mixité, égalité ?

Mais mixité des usages n’implique pas nécessairement un accès égalitaire à l’espace et encore moins un accès pacifique. Au-delà du questionnement autour de la désirabilité de la « ville 24h sur 24 », il paraît crucial d’interroger quelles sont les populations qui ont effectivement l’accès le moins contraint à la ville — c’est-à-dire un accès privilégié, favorisé par leur appartenance à une classe sociale, leur insertion en société, leur âge, leur genre, leur état de santé — et plus spécifiquement à la ville la nuit. La géographe féministe Leslie KernLeslie Kern, Repenser les espaces urbains à travers l’intégration de la dimension de genre, Stream 05, Nouvelles Intelligences, 2021 s’est ainsi intéressée aux perceptions différenciées de la ville la nuit en fonction du genre et développe notamment le concept de « géographie des peurs ». Car si l’expérience sensorielle de la nuit est, de fait, modifiée par l’intensification de nos perceptions (sensibilité au bruit, à la lumière / à l’obscurité, aux quartiers animés / désertés), elle l’est d’autant plus si l’on est une femme (ou personne identifiée comme femme). Cette cartographie de la peur prend en outre une nouvelle dimension pour une personne en situation de précarité, qui se voit dans l’obligation d’« habiter » la nuit, ne pouvant habiter ailleurs : leur expérience diffère ainsi largement de celle des usagers nocturnes en mouvement quels qu’ils / elles soient, en ce qu’elle oblige à l’immobilité dans un espace urbain usuellement traversé. L’accessibilité à la nuit, à travers l’élaboration de projets chronotopiques qui favorisent la mixité d’usages, ne peut dès lors pas se penser — ni se mettre en œuvre — sans réintroduire la notion d’inclusivité.

À ces considérations s’ajoutent les tensions induites par la mixité d’usages, entre la ville qui dort et celle qui s’amuse. Luc Gwiazdzinski suggère qu’il faut « penser la ville 24h/24 sans la soumettre à l’ensemble de la cité. L’effort pourrait se porter sur des « oasis de temps continu » offrant des grappes de services publics et privés (commerces, cabinets médicaux, crèches…), installées sur des lieux de flux accessibles sans gêner la ville qui dort. »

Carte sensible d'une trajectoire nocturne © Jasmine Léonardon

La ville métabolisme, un cadre théorique propice à l’émergence d’un urbanisme des temps ?

Le cadre théorique de la ville métabolisme permet de penser la ville comme un système complexe, à rebours de la ville monofonctionnaliste pensée et organisée en silos, héritage de la pensée dualiste moderne. L’approche fractale de la ville, développée par PCA-STREAM et analysée par Léone-Alix MazaudAux racines de la ville métabolisme, Léone-Alix Mazaud, Stream Voices 05, avril 2022 « articule une circularité au niveau du bâti qui forme un premier métabolisme, lui-même inscrit dans un quartier ou une avenue, eux-mêmes inclus dans le métabolisme de la ville, villes qui font également métabolisme entre elles » et permet de saisir une ville en mouvement composée de cœurs battants qui interagissent continuellement, au rythme des flux entrant et sortant. Ces transformations de matière à différentes échelles animent les différents métabolismes de la ville, associées par exemple à la nutrition, à la mobilité, à la respiration, ou encore au cycle du sommeil.Chaire Ville Métabolisme, initiée par PCA-STREAM, portée par l’Université PSL et soutenue par Groupama et Artelia.

Dans cette optique, les méthodologies pour comprendre la ville vivante explorées par Pauline DetavernierExplorer les méthodologies de la ville vivante, Pauline Detavernier, Stream Voices 09, 2023, l’analyse du cycle de vie usuellement calculée sur 50 ans pour considérer la durée de vie moyenne d’un bâtiment et celle du métabolisme urbain calculée sur un an, pourraient s’enrichir d’un calcul du cycle de vie d’un bâtiment sur 24h, imbriquant ainsi les analyses sur différentes temporalités. Dépassant ainsi l’analyse du cycle de vie centrée uniquement sur la matière et les flux entrants, sortants et stockés, le cycle de 24h permet de réintroduire la notion d’usages et/ou d’occupation de mètres carrés.

Au-delà d’une analyse cyclique des flux qui permettent à la ville métabolisme de se maintenir en vie, le concept de « piles urbaines » (urban stack) compris comme des ensembles sociotechniques à l’œuvre à toutes les échelles urbaines (bâtiment – quartier – ville) semble particulièrement adapté pour penser la nuit urbaine et ses effets sur le bâti, les infrastructures, les mobilités, les usages et le vivant. Le bâti et la nuit, ce sont les immeubles qui se vident, les infrastructures la nuit, ce sont les aménagements publics comme l’éclairage, les mobilités la nuit, ce sont les enjeux d’accessibilité et de mise en réseau, les usages la nuit, ce sont les fêtards et fêtardes, les militants et militantes, les dormeurs et dormeuses, les travailleurs et travailleuses, les exclus et exclues, le vivant la nuit, ce sont les humains et les non-humains. Le cadre théorique de la ville métabolisme permet ainsi de mieux discerner ce que la nuit fait à la ville mais aussi ce que la ville fait à la nuit en multipliant les échelles et les portes d’entrées tout en alliant approche qualitative et quantitative. Ici, il est crucial de rappeler que la notion d’usage, si elle a surtout été employée anthropologiquement dans cet article, doit aussi se comprendre plus largement, pour et par l’ensemble des vivants pour une ville véritablement durable, désirable et inclusive.

 

 

 

 

Gianvito Corazza, assistant de projet au pôle urbanisme et Lucie Wix, communication digitale et éditoriale chez PCA-STREAM

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