Récits alternatifs: les réalités douloureuses derrières les mythes

  • Publié le 28 février 2025
  • Ashfika Rahman
  • 18 minutes

L’artiste visuelle Ashfika Rahman, originaire du Bangladesh, a récemment remporté le Future Generation Art Prize décerné par le PinchukArtCentre, centre d’art contemporain à Kyiv en Ukraine. Face au pouvoir écrasant de systèmes d’information faisant le jeu des récits dominants, elle s’emploie à créer des modes d’expression alternatifs qui redonnent une voix aux communautés marginalisées de son pays, en particulier aux femmes. Rahman adopte une approche contemporaine et féministe : elle revisite, par sa pratique artistique, les mythes, contes populaires et préjugés qui continuent de façonner nos cultures et de légitimer l’usage de la violence. Nous l’avons rencontrée pour évoquer Behula These Days, son dernier projet, où elle mêle techniques anciennes et modernes pour partager les expériences bouleversantes de femmes vivant dans l’une des régions les plus sujettes aux inondations du Bangladesh.

Stream Voices : Behula These Days est une œuvre percutante et engagée qui confronte la légende d’un amour absolu aux réalités douloureuses des femmes de votre pays. Qu’est-ce qui vous a poussée à revisiter ce mythe en particulier ?

Transmis au fil des générations, les mythes et légendes exercent une influence considérable : en perpétuant des récits qui forgent des représentations idéalisées, ils participent à consolider l’ordre établi, pouvant former des verrous au changement, voire entraver le progrès social. Dans le pire des cas, ces histoires peuvent se transformer en instruments de violence et servir à déposséder des individus ou des communautés de leur droit à exprimer leurs propres récits, que ce soit en raison de leur genre, de leurs croyances, de leur culture, de leur orientation sexuelle ou de leur couleur de peau.

La légende de Behula, l’une des plus célèbres histoires d’amour de la mythologie du Bengale, en est un exemple frappant. Écrite entre le XIIIe et le XVIIIe siècle, elle raconte le destin tragique de Behula, dont l’époux perd la vie le soir de leurs noces, victime d’une malédiction lancée par la déesse hindoue des serpents sur sa lignée. Dans l’espoir qu’il puisse être miraculeusement ramené à la vie, Behula embarque le corps inerte de son mari sur un radeau en direction du paradis et affronte d’innombrables épreuves et dangers sur le chemin. Une fois arrivée, Behula séduit les dieux par une danse gracieuse et envoûtante et obtient le retour à la vie de son mari. Aujourd’hui encore, le dévouement de Behula et sa détermination à sauver son époux la placent au rang d’archétype de l’épouse aimante et loyale dans la culture bengalie. Considérée comme un modèle de féminité, son histoire perpétue, de génération en génération, des attentes irréalistes pesant sur les femmes. L’influence de cette légende est particulièrement patente lors des rassemblements populaires qui ont lieu en bord de fleuve pour honorer son histoire, entretenant des croyances qui entravent l’autonomie des femmes.

Idole de Maa Manasa Devi à Tribeni, Bengale occidental, Inde

Avec Behula These Days, j’ai voulu interroger et réinventer ce récit sous un prisme féministe. Dans la légende, la déesse-serpent soit présentée comme la « méchante », mais en réalité, il s’avère en filigrane qu’elle a été privée du culte qui lui était dû du fait de son genre. Ce sont donc des attitudes misogynes qui sont donc à l’origine du malheur de Behula, entraînant la souffrance de deux femmes — une humaine et une divinité. Bien que dépeinte comme l’antagoniste de Behula, la déesse-serpent illustre donc ces mêmes injustices patriarcales qui perdurent aujourd’hui. Le réexamen de ce mythe nous invite donc à en contester l’interprétation dominante ainsi que l’influence pernicieuse sur la société bangladeshi contemporaine.

Pour proposer des récits alternatifs, j’ai entrepris un voyage le long du même fleuve que Behula avait autrefois parcouru, recueillant les témoignages de femmes dont la vie reste marquée par ces idéaux inaccessibles. J’ai entendu nombre de récits déchirants : celui d’une femme hindoue humiliée publiquement parce qu’amoureuse d’un musulman, d’une autre, tuée faute de dot, d’une jeune femme cloîtrée au foyer parce qu’elle aspirait à étudier à l’étranger, d’une autre encore ayant subi les pires atrocités en raison de sa peau foncée et réduite à la servitude avant d’être assassinée et jetée dans le fleuve… Chacune de ces histoires porte le poids des attentes sociétales oppressives perpétuées par la légende de Behula.

Stream Voices : Comment utilisez-vous ces récits comme support de votre projet artistique sans altérer les voix des femmes que vous avez rencontrées le long de la rivière ?

Se pose en effet là un dilemme éthique fondamental : comment puis-je créer des récits alternatifs alors que je ne fais pas partie des communautés directement concernées ? J’en suis venue à la conclusion que j’avais le droit de m’engager sur ces questions en tant qu’être humain exprimant sa solidarité envers des populations opprimées. J’ai toutefois également compris qu’il était essentiel de veiller à ce que mon travail amplifie leurs voix, et non la mienne. Mon rôle d’artiste s’est alors précisé : il s’agissait de collaborer avec ces communautés de manière créative, en leur offrant une plateforme leur permettant d’exprimer leurs propres vérités. Mon intervention se limite donc à concevoir le meilleur médium pour qu’elles puissent s’exprimer, en mettant mon expertise artistique à leur service. C’est la seule forme de collaboration qui garantit une traduction fidèle de la réalité en art.

Cette approche façonne l’ensemble de mon processus artistique. Vous remarquerez que dans chacun de mes projets, des textes et des écrits sont présents, mais qu’ils ne sont jamais de moi. J’intègre également les matériaux et les formes artisanales des communautés avec lesquelles je collabore dans les installations que nous créons ensemble. Les matériaux sont lourds de sens, car ils sont intrinsèquement politiques : chaque fil, chaque tissu porte en lui une histoire. Ainsi, un textile produit au Bangladesh reflète les politiques de travail en vigueur dans le pays, mais aussi son positionnement géopolitique à l’échelle mondiale. C’est pourquoi, dans tous mes projets, les matériaux proviennent principalement de la communauté avec laquelle je collabore, qu’il s’agisse d’objets personnels ou de traditions artisanales. Même lorsque j’utilise la photographie comme médium, je m’efforce de la contextualiser dans son environnement : pour un projet sur un cinéma abandonné à Dhaka, j’ai choisi d’utiliser des pellicules périmées vieilles de vingt à trente ans pour documenter l’espace, capturant ainsi la dégradation du lieu à travers des images altérées. Je trouve une grande satisfaction à tisser des liens entre la matérialité, le contexte et l’expression artistique : c’est le fil directeur de ma pratique créative.

The Last Audience, Dhaka, 2017
The Last Audience, Dhaka, 2017
The Last Audience, Dhaka, 2017

Pour revenir à Behula These Days, comment pouvais-je aborder ces récits avec sensibilité tout en les réconciliant avec l’histoire de Behula ? J’ai décidé d’inviter ces femmes à écrire des lettres directement adressées à Behula — une figure qui, suivant le mythe, serait à même de comprendre leur douleur et leurs sacrifices. En voyageant du Bangladesh à l’Inde, j’ai collecté leurs histoires, mais en les consignant, non pas à l’encre, mais avec brodées du fil, leur mode d’expression privilégié, profondément ancré dans la culture régionale.

Des femmes cousent leurs lettres à Behula sur un tissu vert © Behula These Days, Ashfika Rahman, 2023-2024
Lettre à Behula © Behula These Days, Ashfika Rahman, 2023-2024
Traduction de la lettre à Behula © Behula These Days, Ashfika Rahman, 2023-2024

L’installation qui procède de ce travail prend symboliquement la forme d’un radeau flottant portant les histoires tues de trente-quatre femmes, brodées sur un tissu vert évocateur des feuilles de bananier qui formaient l’embarcation de Behula dans le mythe. Suspendu au plafond seulement par de très fins fils dorés, le radeau vert semble flotter dans l’espace, perpétuellement à la dérive, tandis que les lettres brodées composant ensemble une vaste fresque de la solidarité et de la résilience. Son ombre projette une carte aérienne de la région, liant ainsi l’œuvre à son paysage d’origine. Fonctionnant comme une métaphore visuelle, Behula These Days rend hommage aux voix des femmes tout en réinterprétant le mythe d’origine, le transformant en un vecteur d’émancipation et de changement.

Behula These Days, Ashfika Rahman, 2023-2024
Behula These Days, Ashfika Rahman, 2023-2024
Behula These Days, Ashfika Rahman, 2023-2024
Behula These Days, Ashfika Rahman, 2023-2024

Stream Voices : Nous avons échangé sur le pouvoir exercé par les récits sur les communautés et leur influence sur les croyances et les représentations, et également sur la manière dont vous cherchez à impulser une dynamique nouvelle. Comment pouvons-nous nous orienter parmi ces récits alors même que nous vivons tous entourés d’une multitude écrasante de vecteurs narratifs véhiculant des pensées dominantes, au premier titre les réseaux sociaux et la télévision ?

Il est effectivement de plus en plus difficile d’avoir accès à des récits alternatifs, surtout lorsque les réseaux sociaux, les journaux et les télévisions relaient des idées prévalentes qui servent les intérêts d’une classe politique, culturelle ou sociale dominante. Bien sûr, ces vecteurs narratifs peuvent également servir de plateforme à des voix habituellement réduites au silence, mais il reste extrêmement difficile de se faire entendre lorsque l’on fait partie d’une communauté marginalisée. C’est ce que j’ai trouvé frappant dans le projet The Power Box. Son point de départ était une enquête typologique sur les télévisions au sein des villages de Chalan Beel, la plus vaste région marécageuse du Bangladesh, où les populations sont déjà marginalisées du fait de leur éloignement géographique, mais deviennent encore plus isolées pendant la très longue saison des moussons, lorsque le fleuve devient la seule voie de circulation.

L’énergie solaire est mise à profit pour alimenter des télévisions en noir et blanc, retransmettant une chaîne publique unique, la seule qui soit encore diffusée par voie hertzienne.

Les villageois sont donc exposés à un discours unique de propagande d’État, dénué de remise en question ou de commentaire critique. De plus, comme seules quelques maisons du village sont équipées d’une télévision, les propriétaires de ces appareils détiennent un plus grand pouvoir au sein de la communauté. Les villageois se rendent chez ces derniers pour regarder la télévision avec eux. Généralement, les propriétaires s’asseyent sur une chaise ou quelque part de confortable, tandis que les autres villageois s’installent par terre ou même à l’extérieur, dans le jardin. Cet enchevêtrement de pouvoirs entre propagande d’État et emprise des propriétaires de postes de télévision est lourd de conséquences sur l’ensemble du village.

La télévision joue un rôle essentiel dans ces communautés : elle crée un rituel et participe à renforcer les liens sociaux à travers un récit partagé collectivement. D’une certaine manière, la télévision gouverne littéralement leur réalité. J’ai documenté cette dynamique à travers une série de photographies. Bien que les télévisions constituent un élément allogène (puisqu’il s’agit d’une fenêtre ouverte sur le monde extérieur, quoique très étroite et ne donnant à voir qu’une seule facette de la réalité), elles sont entièrement intégrées aux foyers : les familles les considèrent comme leurs biens les plus précieux et les parent de leurs saris ou d’autres objets personnels, les intégrant pleinement à l’esthétique du foyer. Les postes de télévision sont toujours placés en hauteur, comme sur un piédestal. Dans ce pays à majorité musulmane, où regarder la télévision est parfois mal vu, les téléviseurs sont souvent recouverts d’un tissu, un peu comme on pourrait couvrir le Coran.

The Power Box, Ashfika Rahman, 2016
The Power Box, Ashfika Rahman, 2016
The Power Box, Ashfika Rahman, 2016

Pour moi, le rapport qu’entretiennent ces villages avec la télévision illustre, à l’échelle d’un microcosme, la mécanique du système mondial d’information. Il met en lumière la manière dont les médias (la presse, la télévision et les plateformes de réseaux sociaux) dominent le monde contemporain par leur pouvoir immense sur la formation des opinions (qui s’accompagne d’une responsabilité à la hauteur de cette influence).

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