Un espace hybride inaugurant la modernité
Distinguished teacher à la New York University, théoricien du paysage et spécialiste de Le Nôtre, Allen S. Weiss a notamment analysé dans son ouvrage Miroirs de l’infini combien la forme des « jardins à la française » découlait des nouvelles dimensions esthétiques et éthiques prises par la géométrie, à une époque, le XVIIe siècle, où l’idéal était devenu de réduire la connaissance à des règles mathématiques, selon la mathesis universalis de René Descartes. Si les Champs-Élysées partagent avec les jardins royaux de Versailles ou de Vaux-le-Vicomte de larges perspectives centrales, tracées par de nouveaux outils mathématiques et optiques, qui théâtralisent la puissance du pouvoir royal, Weiss nous explique ici que les Champs-Élysées se distinguent de ces deux autres œuvres de Le Nôtre en ce qu’ils forment un espace hybride, un prolongement de l’urbain ouvert vers le rural, point de fuite vers l’infini inaugurant un kilomètre zéro de la modernité dans une ville encore fondamentalement médiévale.