L’Art sans l'homme
Si la philosophie contemporaine, face aux enjeux globaux, s’efforce de repenser et décentrer la place de l’homme, dominant dans l’acception moderne, l’historien de l’art Thomas Schlesser nuance l’idée courante d’un rapport strictement anthropocentré de l’homme au monde dans la création artistique depuis la Renaissance. Identifiant de grands moments de rupture aux sources de visions anthropocritiques dans l’histoire de l’art, il y voit l’expression de formes de nivellement de la place de l’homme à l’échelle du vivant. La fragilité humaine constitue ainsi un motif et une cause artistique, particulièrement à l’œuvre dans la culture populaire. En analysant une « dilution cosmique » de la figure humaine au cœur des avant-gardes historiques, des abstractions et jusque dans les mouvements de la performance et du land art, il révèle un art travaillé par la disparition de l’humain. Sans affirmer que l’art serait majoritairement devenu un « univers sans l’homme », il nous ouvre à l’idée que les artistes les plus intéressants sont ceux qui proposent intuitivement des visions « alter-nombrilistes » du monde.