Figure historique de l’architecture prospective, Yona Friedman décrit l’importance du modèle de communication incarné par l’organisme vivant, source d’inspiration d’une architecture pour les vivants plutôt que vivante elle-même. Il revient sur les évolutions technologiques dans le domaine de la communication, qui permettent de s’affranchir de l’impératif urbanistique classique de la proximité, mais aussi sur la libération de l’individu envers les réseaux, qui constituait encore un frein quand il imaginait dans les années 1950 le concept d’« architecture mobile ». La proximité urbaine a évolué au point de transformer l’Europe en continent urbain, les métropoles devenant une seule et même ville, matérialisant par le tgv, les batteries et les portable les utopies des années 1960. Friedman continue à défendre une « architecture mobile » adaptable par tous, ce qui ne nie pas le rôle de conseil de l’architecte. Il lutte également contre la densité urbaine, estimant qu’une dilution de la ville permettrait à la nature de s’y insérer – redonnant de l’autonomie alimentaire aux espaces urbains –, selon des spatialités à inventer par la population elle-même, dans la lignée de ses travaux pionniers sur l’auto-planification.
Texte issu d’un entretien avec Philippe Chiambaretta et Gilles Coudert, dans l’appartement-atelier de Yona Friedman le 21 septembre 2017, avec l’aimable concours de la galerie Jérôme Poggi.